Poême de John Milton après le massacre des Vaudois de 1655

Pâques piémontaises
Venge, ô Dieu, tes élus massacrés, dont tu vois
Les ossements épars sur les Alpes glacées.
Ces cœurs en qui tes lois étaient déjà tracées,
Quand, nos pères priaient des pierres et du bois,

Ne les oublie ! Inscris de ton peuple aux abois
Les appels gémissants. De tes brebis forcées
Par les loups piémontais, de ces mères lancées
Au torrent avec leurs enfants, la triste voix
Monta de la vallée aux cimes, et des cimes
Au ciel. Sème leur cendre et leur sang de martyrs
Par l’Italie entière et, de ces champs qu’opprime

La triple tyrannie, avant peu fait surgir
Un troupeau plus nombreux cent fois, qui sache fluir,
Tandis qu’il est temps, Babylone et ses crimes

John Milton, Lycidas et Sonnets traduits par Emile Saillens, Ed. Aubier Montaigne, Paris, 1971

Scène du massacre des vaudois - Jean Léger

Voici l'original anglais de ce poême de John Milton sur le massacre des Vaudois:

ON THE LATE MASSACRE IN PIEDMONT

AVENGE, O Lord, thy slaughtered saints, whose bones
Lie scattered on the Alpine mountains cold;
Even them who kept thy truth so pure of old,
When all our fathers worshipped stocks and stones,
Forget not: in thy book record their groans
Who were thy sheep, and in their ancient fold
Slain by the bloody Piedmontese, that rolled
Mother with infant down the rocks. Their moans
The vales redoubled to the hills, and they
To heaven. Their martyred blood and ashes sow
O'er all the Italian fields, where still doth sway
The triple Tyrant; that from these may grow
A hundred fold, who, having learnt thy way,
Early may fly the Babylonian woe.

John Milton (1608-1674)