Je ne connais guère d'histoire plus captivante que celle-ci.
11. Un homme avait deux fils.
12. Le plus jeune dit à son père : Mon père, donne-moi la part de bien qui doit me revenir. Et le père leur partagea son bien.
13. Peu de jours après, le plus jeune fils, ayant tout ramassé, partit pour un pays éloigné, où il dissipa son bien en vivant dans la débauche.
14. Lorsqu'il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin.
15. Il alla se mettre au service d'un des habitants du pays, qui l'envoya dans ses champs garder les pourceaux.
16. Il aurait bien voulu se rassasier des carouges que mangeaient les pourceaux, mais personne ne lui en donnait.
17. Étant rentré en lui-même, il se dit : Combien de mercenaires chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim !
18. Je me lèverai, j'irai vers mon père, et je lui dirai : Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre toi,
19. je ne suis plus digne d'être appelé ton fils ; traite-moi comme l'un de tes mercenaires.
20. Et il se leva, et alla vers son père. Comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion, il courut se jeter à son cou et le baisa.
21. Le fils lui dit : Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d'être appelé ton fils.
22. Mais le père dit à ses serviteurs : Apportez vite la plus belle robe, et l'en revêtez ; mettez-lui un anneau au doigt, et des souliers aux pieds.
23. Amenez le veau gras, et tuez-le. Mangeons et réjouissons-nous ;
24. car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé. Et ils commencèrent à se réjouir.
En parlant de son fils, le père a dit cette parole étonnante : "Mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie". Cela pourrait être le titre de ce livret : "De la mort à la vie". Il faut bien reconnaître qu'on ne nous a pas habitués à un tel langage : "De la mort à la vie". Cette expression est contraire à la raison, à l'ordre naturel des choses et à l'expérience humaine. On ne passe pas de la mort à la vie, mais on passe toujours de vie à trépas, et chez les cannibales de vie à repas, jamais le contraire.
Si donc la Bible nous rappelle de telles expressions, c'est parce qu'elle veut nous habituer à un autre langage. La Bible est la Parole de Dieu. C'est le livre des grands sursauts, des grands renversements. La Bible est le vieux livre aux idées toutes neuves. La Bible n'est pas un livre ordinaire ; c'est un livre extraordinaire. Ce n'est pas un livre naturel ; c'est un livre surnaturel. Il n'extravague jamais. Ce n'est pas un recueil de fables. Ce n'est pas un conte des Mille et une Nuits. Ses affirmations bouleversantes, qui bousculent les idées reçues, prennent des allures d'authenticité à mesure qu'on les prend au sérieux.
La Bible ne nous dit pas ce que les choses paraissent être ; elle nous dit ce qu'elles sont réellement. Prenons l'exemple de ce jeune homme. Le père a dit de lui : "Mon fils que voici était mort". Etait-il réellement mort ? Quelqu'un va dire : "J'apprécie peu cette façon de dire les choses. Ce jeune homme était bien vivant". Et pourtant la Bible affirme, c'est Dieu qui parle, que ce jeune homme était mort. Ce qui intéresse Dieu, ce n'est pas tellement la vitalité du corps, mais plutôt celle de l'âme. Ce que Dieu voyait à l'intérieur de la vie de ce jeune homme, c'était précisément une absence de vitalité, même lorsqu'il remportait le 400m haies ou qu'il gagnait le 100m nage libre, ou qu'il signait le but victorieux pour l'équipe locale. Ce jeune homme n'était animé d'aucune vie intérieure. Il était spirituellement mort, c'est à dire qu'il était coupé de Dieu qui est la vie, la vraie.
Avant de voir pourquoi ce jeune homme était mort, nous allons voir où il était mort. Il suffit de lire le texte pour s'apercevoir qu'il était déjà spirituellement mort dans la maison de son père. Combien n'y a-t-il pas, aujourd'hui, d'enfants de familles chrétiennes, et même de membres d'églises, qui ont été baptisés, qui ont communié, qui se sont mariés, qui seront enterrés selon un rite religieux et qui sont spirituellement morts. Aucune vie d'en-haut ne les anime. Ils sont morts dans l'église ; ils sont morts dans le culte. Ils ont une mère chrétienne, un père chrétien, mais ils n'ont pas la vie qui anime leurs parents. Ils ont leurs habitudes, leur dehors, leur vocabulaire peut-être, mais ils n'ont pas leur vie. Tandis qu'ils sont assis à la table de la famille spirituelle, tandis qu'ils ont devant eux les mets spirituels les plus délicats, qu'ils sont entourés de prières et de tendresse, que se forment des vœux pour leur avenir éternel, leurs pensées et leurs affections sont absentes des choses auxquelles on aimerait les voir s'intéresser. Ils en ont vu plus d'un, revenir du pays éloigné ; ils sont assis à coté de ces prodigues qui témoignent du malheur qu'ils ont trouvé dans les plaisirs du monde, et le bonheur qu'ils ont trouvé en Jésus-Christ. Ils chantent même avec eux ce petit refrain :
Si tu savais combien les plaisirs du monde
Ont déchiré et brisé tant des cœurs
Ils connaissent tout cela par cœur. Mais la chose surprenante est qu'ils n'ont qu'un désir : "Aller dans le pays éloigné". Et rien n'y fait : Ni témoignage, ni raisonnement, ni Dieu, ni Bible. Les larmes d'une maman chrétienne ne les émeuvent pas. L'angoisse de leurs amis chrétiens les laisse froids. Les avertissements à maintes fois prodigués les laissent insensibles. Ils sont là où Jésus-Christ se trouve, et là où ils sont, Jésus-Christ leur est dépeint comme étant crucifié, mais ils sont aussi secs que l'intérieur qu'une pierre qui a pourtant séjourné longtemps dans l'eau. Ils font partie de "l'entourage du prince de la vie" (Actes 3, 15) et cependant, eux, sont morts. Et la chose surprenante c'est qu'ils ne veulent pas qu'il en soit autrement. Tel était le cas de ce jeune homme. Il était déjà spirituellement mort dans la maison de son père.
Nous allons maintenant voir ensemble les cinq preuves qui vont démontrer que ce jeune homme était mort.
La première preuve de sa mort pour Dieu, est qu'il voit la Vie "ailleurs qu'où elle se trouve vraiment". La Vie pour lui est là-bas, dans le monde, dans le péché et dans les plaisirs. Seul un homme mort ou aveugle, peut confondre à ce point la mort et la vie, la lumière et les ténèbres. Espérait-il trouver la vie en quittant le chemin de la Vie ? Allait-il trouver la Vie pleine, la vie heureuse en s'éloignant du Dieu dont la Bible dit qu'Il est la source de la vie (Psaume 36, 9) ? Jésus a dit : "Venez à moi … et vous trouverez le repos de vos âmes" (Matthieu 11, 28-29). Est-ce que le Seigneur a dit vrai ? A-t-il dit vrai quand il a affirmé : "Celui qui croit en moi … vivra" (Jean 11, 25) et "des sources d'eau vive couleront de son sein" (Jean 7, 38) ? Si Jésus-Christ a dit vrai, pourquoi faut-il essayer de trouver en dehors de lui une vie qu'en définitive on ne trouve pas ? Autant dire que toutes les eaux du Mississipi ne peuvent pas satisfaire la soif d'un homme, que d'affirmer que Jésus-Christ ne peut pas étancher la soif de l'âme de quelqu'un ! Si tout l'air de l'atmosphère ne suffit pas pour remplir les poumons de quelqu'un, c'est que ses poumons sont bien malades. Si Jésus-Christ, le Fils de Dieu, en qui sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science, ne nous suffit pas pour vivre, c'est tout simplement parce que notre âme est malade et qu'elle a besoin d'être guérie.
Il vivait dans "l'entourage de la Vie". La preuve que ce jeune homme était mort, c'est qu'il voyait la Vie ailleurs que là où elle est vraiment.
La deuxième preuve de sa mort intérieure, est que le pays de la mort l'attirait. Nous avons en français cette expression : "Qui se ressemble, s'assemble". La mort spirituelle qu'il portait en lui, faisait écho avec ce que ce pays lointain avait à la fois d'affriolant et de mortel. Les mauvaises compagnies et lui, avaient des atomes crochus. Ils étaient branchés sur la même longueur d'onde. Il était emboîté avec eux aussi facilement qu'un boulon s'emboîte sur son écrou. Tandis que dans la maison de son père, il se sentait comme une cheville carrée dans un trou rond. Oui ! Il était étranger dans la maison de son père. Cette vie sainte, cette atmosphère, cette ambiance, l'étouffait. Il se sentait exploser. La seule chose qu'il appréciait dans le culte familial où on ouvrait la Bible et où le père terminait la journée en faisant la prière, c'était l'amen final. Un amen qui tenait plus du soulagement que de la piété. La voie qu'il a prise n'est en tout cas pas celle qu'il lui avait été enseignée ; ce n'était pas non plus celle de la conscience. Nous comprenons qu'il avait été séduit dans la maison de son père, de la même façon que notre mère à tous, Eve, a été séduite dans le jardin d'Eden. Le péché qui était en lui, lui a fait voir que le fruit de la désobéissance n'était, ni moins beau, ni moins bon que les autres fruits. Et c'est vrai. La différence c'est qu'il tue ! Le fruit du péché ne s'évalue, ni à l'œil, ni au goût, mais toujours à ses résultats.
La troisième preuve que ce jeune homme était bien mort, est qu'il n'a pas eu la force de réagir contre l'entraînement. Il n'a pas eu la force de caractère pour dire non. Ce qui caractérise un mort, c'est qu'il laisse aller. Il laisse faire. Vous pouvez prendre un mort et lui faire une autopsie avec une grosse scie. Il ne protestera pas. Vous pouvez faire une piqûre à un mort avec un clou gros comme le doigt, il ne dira rien. Tandis que moi ! Faites-moi une piqûre avec une aiguille très fine, et vous verrez mes réactions. Ce qui caractérise un poisson mort, c'est qu'il fait surface et qu'il est entraîné par le courant. Il est toujours "dans le vent". Un poisson mort, vous pouvez le cueillir avec une épuisette. Essayez d'en faire autant avec un poisson vivant ; je vous promets une partie de plaisir.
Oui, son âme vide n'a pas eu le caractère de choisir des bons compagnons. Il en a choisi d'autres qui ont jeté sur lui une influence néfaste, dont il ne s'est peut-être pas rendu compte au début, mais dont il a été incapable de se dégager par la suite. Après tout il n'a peut-être pas été entraîné dans ce pays étranger. Il y est peut-être allé tout seul. Il est vrai que nous n'avons besoin de personne pour nous apprendre à pécher, à mentir, à tricher, à commettre le mal. Le péché est inné en nous. Nous le commettons tout seul. Il a pu trouver assez d'entraînement dans son cœur pour dériver loin de la maison de Dieu. Peu importe que le courant qui l'a entraîné loin de son père soit venu de l'intérieur ou de l'extérieur. Le fait est qu'il a été incapable d'y résister si tant est qu'il ait essayé d'y résister. Cela nous montre à quel point sa mort spirituelle était grande.
La quatrième preuve qu'il était bien mort, est qu'il se croyait plus sage que son père. La Bible nous parle d'un homme qui s'appelait Roboam. Vous allez me dire : "Dans quel calendrier avez vous été trouver ce nom là ?" Roboam est le fils du grand Salomon, qui lui a succédé sur le trône d'Israël. Quand des grands personnages, nous dirions aujourd'hui des syndicalistes, sont venus lui proposer un certain allègement des impôts et des conditions de travail, il s'est cru plus grand que son père et a dit cette phrase (1 Rois 12, 14) "Mon père vous a corrigés avec des fouets, moi je vous corrigerai avec des scorpions". Il a même dit (v 10) "Mon petit doigt est plus gros que les reins de mon père". Holà ! Il était gonflé comme le bonhomme Michelin ! Mais le récit nous montre qu'en fait le petit doigt de son père était plus gros que ses reins à lui. La fin de cette histoire est qu'il s'y est cassé les reins.
L'homme aussi se croit plus sage que Dieu. Ce jeune homme a aussi pensé "Ah ! mon père, ce vieux croulant, ce Son et Lumière, avec ses prêchi-prêcha, avec sa moralité bourgeoise, avec ses citations de la Bible qui me mettent les nerfs à fleur de peau : "Fuis les convoitises de la jeunesse (2 Timothée 2, 22). Moi je ne fuirai pas ! Je vais lui montrer que je suis capable d'aller au danger". Et il est allé au danger, un peu comme les carpillons de la fable de La Fontaine :
Un jour, il y a eu une inondation et les carpillons se sont dits : "Ca y est, le monde est à nous !" La vieille carpe leur avait dit de ne pas sortir du lit de la rivière, mais Ils l'ont pris pour une vieille folle qui divaguait. Ils sont partis, n'écoutant pas la voix de la mère. La fin de l'histoire est qu'ils furent pris et frits.
Pouvez-vous mettre votre main dans le feu sans vous brûler ? Pouvez-vous marcher dans la boue sans vous salir les pieds ? On croit qu'on va se battre avec Satan et qu'on va remporter la victoire. On se croit assez fort pour risquer une aventure scabreuse et on fait l'expérience de Lot, le neveu d'Abraham, qui lui aussi se moquait de son oncle, "le tonton avec ses vieilles idées périmées !" Il a vu la plaine du Jourdain. Il a vu cette terre riche qui allait jusqu'aux villes de Sodome et Gomorrhe, ces villes maudites qui allaient être détruites. Il a dit : J'irai jusque là et je n'irai pas plus loin. Il a cru qu'il n'irait pas plus loin. Mais on sait qu'il est allé plus loin, qu'il s'est installé dans cette ville et que la fin de cet homme a été une fin de honte.
Mes amis, qui, se laissant aller à la haine, sera assez fort pour ne pas aller jusqu'au meurtre ? Qui, se laissant aller au flirt, sera assez fort pour ne pas aller jusqu'à l'adultère ? Qui, se laissant aller à la convoitise, sera assez fort pour ne pas aller jusqu'au vol ? Qui, se laissant aller au haschisch, sera assez fort pour ne pas aller jusqu'à la seringue ? Et tout cas lui, il a mis les deux pieds sur la pente. Et comme cette pente était savonneuse, il l'a dévalée jusqu'au fond.
La cinquième preuve qu'il était mort spirituellement, est qu'il essaie de s'en sortir tout seul. Au lieu de chercher la délivrance, là où elle est réellement, il va chercher du secours dans des forces qui l'ont trahi. Quand tout allait bien, il n'a pas su résister. Comment résistera-t-il maintenant qu'il est vidé, que ses accus sont à plat ! Nous nous apercevons que la leçon n'a pas été apprise. Aussi va-t-il chercher du secours dans les habitants de ce pays maudit. Il va tomber encore plus bas pour essayer de s'en sortir tout seul. Il va descendre jusqu'aux pourceaux. Lui, le fils de son père, le Juif qui connaissait l'enseignement de l'Ancien Testament sur l'impureté des pourceaux, il ira jusque là. Quelque bas qu'il soit tombé, il ne veut pas se reconnaître coupable. Non, il n'est jamais facile de dire "J'ai pêché !" Il ira jusqu'aux cochons avant de le dire. Et nous, nous irons jusqu'au fond de l'abîme avant de le dire aussi. Maudit orgueil !
Quelqu'un va peut-être maintenant poser la question 'Et Dieu dans tout cela ? Que fait-Il ?" Et bien Dieu laisse faire. Vous allez dire alors : Pourquoi Dieu laisse faire ? C'est vrai que, dans un sens, Dieu semble rester passif. A la demande effrontée de son fils il acquiesce : "Mon père, donne-moi la part de bien qui doit me revenir" et il lui donne cette part. N'oublions jamais que Dieu ne veut jamais être servi par contrainte. Alors il lui donne sa part. Heureusement, remarquez, que le père garde une partie pour lui. Sinon tout aurait suivi le chemin de la première partie. D'ailleurs, chaque fois que Dieu cède quelque chose à l'homme, l'homme le galvaude.
Pendant des siècles, l'homme n'a pas connu et ne s'est pas servi du secret de l'atome. Voilà que dans notre siècle il en a percé le secret. Qu'en a-t-il fait ? La première chose est une bombe qui a expédié 100.000 de ses semblables de l'autre coté. Aujourd'hui, il s'en sert encore comme une menace de chantage. Tout ce que Dieu donne à l'homme, l'homme le galvaude et le détruit. Chez nous, dans nos contrées du Nord, il pleut beaucoup, il pleut beaucoup trop. Malgré toutes les années passées sous ce climat, je ne me suis jamais habitué à la pluie. Ce qu'il peut pleuvoir ! Je me suis souvent demandé d'où pouvait venir toute cette eau ; et il paraît que nous allons en manquer ! Je n'y ai jamais rien compris. Quand les gens de chez nous se rencontrent, de quoi voulez-vous qu'ils parlent sinon de la pluie et du beau temps ; et plutôt de la pluie que du beau temps. Invariablement les gens disent "il ne fait pas bon aujourd'hui". Et quelques-uns parfois ajoutent : "C'est du temps du Bon Dieu mais ce n'est pas son meilleur'. Peut-être mais, après mûre réflexion je pense que le "Bon Dieu", puisqu'on l'appelle ainsi, est qu'il continue à faire le temps. Parce que bon an mal an, malgré nos pluies et nos mauvaises saisons les récoltent, se font. Il y a des céréales, des fruits, des légumes en surabondance, au point que parfois on ne va même plus cueillir les produits des champs, que les agriculteurs brandissent le trident de la colère. On va déverser des tonnes de tomates, de pommes de terre et de betteraves sur les routes parce qu'il y a trop de tout et que les prix ont baissé Alors moi je dis "Seigneur, continue à faire le temps", parce que le jour où les hommes vont faire le temps, selon que vous serez ou non d'accord avec eux, vous claquerez les dents de froid en plein été et transpirerez en plein hiver. Que le Seigneur, oui, continue à faire le temps !
La Bible dit encore que sur le chemin de l'éloignement, ce jeune homme a mangé les biens de son père (Luc 15, 30). C'est tout ce que l'homme peut faire. Sur le chemin qui l'éloigne de Dieu, l'homme pense s'enrichir d'expériences, d'amusement, de plaisirs, de richesses. En réalité il ne fait que s'appauvrir. Sa précieuse substance de vie s'amenuise constamment, et rien ne la renouvelle sinon Dieu. Retenez cette phrase : Dieu nous a fait pour un seul chemin et il veillera à ce nous ne soyons pas heureux dans un autre. Le seul chemin qui renouvelle l'homme est celui du retour à Dieu. Cela, le père le savait, aussi le jour où il a vu partir son fils, il savait qu'il ne serait pas heureux. Il savait qu'il reviendrait. Il pouvait commencer à attendre, et son attente n'a pas été déçue.
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Nous avons vu les preuves de sa mort spirituelle. Voyons maintenant rapidement les preuves de son retour à la vie.
Le jeune homme réfléchit profondément, il rentre en lui-même et il commence par dire : "Je meurs de faim !" Quand il paraissait le plus en vie, c'était alors qu'il était le plus près de la mort. Au moment où il paraît le plus près de la mort, c'est le moment où il est le plus près de la vie. Vous pouvez être sûr que quand un homme se frappe la poitrine et commence par dire "je meurs", c'est le premier signe infaillible qu'il a donné un coup de barre dans sa vie. Je sais que cela est vrai car cela a été mon expérience. Si vous questionniez ma mère, elle vous répondrait que quelques jours avant ma conversion elle a du se dire< : "Il ne se convertira jamais". C'est quand j'étais le plus plongé dans les plaisirs mondains, que je montrais les plus grands signes d'impiété, que je paraissais être le plus éloigné de Dieu, c'est dans ces moments-là que je réfléchissais le plus profondément. Mais quelques jours après c'était pour moi le chemin de Damas et la grande rencontre avec le Seigneur
Aussi, parents de jeunes gens et jeunes filles, ne cessez pas de prier pour eux. S'il vous semble qu'ils ont quitté le chemin droit, le chemin de la vie, ne vous lassez pas de ployer les genoux comme le fit ma mère et de demander à Dieu la bénédiction sur eux. Dieu peut les amener à dire les premiers mots qui conduisent au salut : "Je meurs de faim" et à poursuivre par : "Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d'être appelé ton fils". Quelqu'un qui avoue son indignité de cette façon là, est quelqu'un qui collabore avec le Saint-Esprit. La Bible affirme que l'œuvre triple du Saint-Esprit est de convaincre de péché, de justice et de jugement (Jean 16, 8). Or le jeune homme fait ces trois choses : Il s'accuse de péché. Il se reconnaît injuste, et il se juge coupable.
L'autre preuve de son retour à la vie est de dire : "Je me lèverai, j'irai vers mon père, et je lui dirai : Mon père, je ne suis plus digne d'être appelé ton fils ; traite-moi comme l'un de tes mercenaires". "Je me lèverai, j'irai"… Il ne s'est pas limité à de grandes démonstrations d'angoisses et de tristesse. Il a laissé derrière lui son passé de honte, et a retracé en sens inverse et avec larmes le chemin de perdition, que, quelques mois ou années plus tôt, il avait fait avec tant de joie et d'illusion. Il est allé, est-il écrit. Il n'est pas resté à ses lamentations et à ses pourceaux. Il est allé avec ses lamentations et sans ses pourceaux.
Hélas, ce n'est plus tout à fait ce qui se passe aujourd'hui. La lamentation naît facilement sur les lèvres et dans les yeux des hommes d'aujourd'hui, mais ils continuent à faire bon ménage avec leurs cochons. Certains qui disent se convertir, emmènent leurs cochons avec eux dans l'Eglise, un sous chaque bras, un petit cochon à gauche, un petit cochon à droite, avec un peu d'eau de Cologne sur l'un et de l'eau de toilette sur l'autre, un joli ruban rose ou bleu suivant que cela est une fille ou un garçon. Et on introduit des cochons dans l'Eglise aujourd'hui !
Il y a quelques années, après une soirée de conférence, j'ai eu l'occasion d'être en contact direct avec un pauvre ivrogne. Cet homme sentait sa misère profondément. Je me revois dans cette salle où nous étions seuls. Cet homme, tout à coup, s'est mis à pleurer et à gémir. Puis il s'est mis à crier en demandant le secours le ciel. Il a demandé pardon à Dieu. Il a supplié le ciel avec des accents tonitruants, terribles. Jamais je n'ai entendu des cris pareils. Le fils prodigue n'en a pas fait la moitié. Il a supplié le ciel de le délivrer du démon de l'alcool. La lamentation semblait être dans son cœur, mais elle n'était en réalité que sur ses lèvres. Cinq minutes plus tard, je le retrouvais attablé en face de son cochon favori, le verre d'alcool.
"Et il se leva et alla vers son père"…. sans emporter ses cochons ! C'est à cela que Dieu vous appelle, à venir au Sauveur et à laisser derrière ce qui vous fait souffrir, ce qui vous empêche d'être heureux, ce qui vous empêche surtout d'être sauvé.
Mais pour celui qui revient, l'histoire continue. Elle ne s'arrête pas à ce qui est gâché. Si vous allez vers Dieu, Dieu ira vers vous. C'est une promesse. "Approchez-vous de Dieu, et il s'approchera de vous". (Jacques 4, 8). Il s'approchera jusqu'à ce que tout, dans votre vie, devienne nouveau. C'est là ce que nous avons lu, il reçut une nouvelle robe, de nouveaux souliers, une nouvelle relation, une nouvelle fête, une nouvelle alliance au doigt.
- Dieu ne veut pas nous voir vivre une nouvelle vie dans les défroques du passé. Alors il vous donne un nouveau vêtement.
- Le Seigneur ne veut pas nous voir vivre une nouvelle vie en qualité de mercenaire, alors il nous adopte comme ses enfants.
- Dieu ne veut pas que nous vivions une nouvelle vie à laquelle s'attache la honte du passé, alors, il nous chausse de neuf pour que nous puissions marcher autrement que nous l'avons fait jusque-là.
- Le Seigneur ne veut pas que nous vivions une nouvelle vie avec une tête comme une cafetière, alors, il nous invite à sa fête comme cela est dit : "Amenez le veau gras, mangeons et réjouissons nous".
- Le Seigneur ne veut pas que nous vivions cette nouvelle vie avec des mains qui ont trempé dans des affaires louches, alors il y met une nouvelle alliance.
Voyez-vous, quand Dieu sauve quelqu'un, il le remet tout à neuf. La Bible dit qu'il crée un nouvel homme. "Celui qui est en Christ est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées et toutes choses deviennent nouvelles". (2 Corinthiens 5, 17). Et c'est mon vœu, pour vous qui lisez ces lignes, que vous soyez des hommes nouveaux et transformés.
Quelqu'un va peut-être dire : "Ce que vous écrivez c'est pour les jeunes d'un certain type. Moi je ne suis pas un fils prodigue. Moi je ne suis jamais descendu jusqu'aux cochons. Mon casier judiciaire est vierge, je ne suis pas fiché à la police, je n'ai jamais fait ni souhaité de mal à personne. Cette histoire n'est pas pour moi". En sommes-nous si sûrs ? La Bible dit qu'on peut être ennemis de Dieu au niveau des actes mais aussi en pensées ! C'est là aussi qu'il faut quitter la mort intérieure et venir au Seigneur. D'ailleurs dans ce récit il y avait deux fils, et si nous avions poursuivi la lecture, nous aurions fait la connaissance de son frère aîné, qui lui, derrière ses bonnes façons et sa façade d'honnête garçon, cachait une âme noire remplie de jalousie, de mauvais sentiments et de dureté de cœur. Certes, il n'était pas allé dans le pays éloigné, il n'avait pas trempé dans le péché, il n'était pas descendu jusqu'aux cochons, il ne s'était pas vautré dans le monde et ses plaisirs malsains, mais il s'est montré l'ennemi de son père au niveau de ses pensées et de ses sentiments. Il était mort au même titre que son frère. Si donc quelqu'un se reconnait perdu, qu'il soit loin de la maison du Père ou perdu dans la maison, il peut revenir à Dieu qui le recevra.
Ce jeune homme est revenu à la maison, car il savait qu'il serait accueilli par son père. Vous allez peut-être dire : "Oui, lui le savait, mais moi je ne le sais pas. Je ne sais pas si Dieu m'accueillera". Mais Dieu a prévu la question : Pour nous dire qu'il nous aimait, qu'il nous attendait, qu'il voulait nous pardonner et qu'il gardait la porte ouverte, il nous a envoyé son Fils. La preuve suprême de l'amour et de l'attente de Dieu, c'est le don qu'il nous a fait de Jésus-Christ. Pour que nos péchés ne soient plus un obstacle entre nous et Lui, il a pris nos péchés, les a mis sur son Fils et à la Croix du calvaire. Dans la mort épouvantable du Golgotha, Jésus a expié tous nos péchés. C'est là, à la Croix, que Dieu vous attend. C'est là qu'il faut venir car la Croix du calvaire c'est l'Amour de Dieu pour le perdu, le pardon pour le pécheur et la porte ouverte pour celui qui revient.
J'aimerais rapporter ici une anecdote que j'ai déjà dite dans une autre occasion. Il y a bien des années de cela, un jeune homme s'était pris d'une violente querelle avec ses parents. Il avait commis des choses graves et était parti de la maison paternelle en jurant de ne plus jamais y remettre les pieds. Cet éloignement, cette rupture, a duré des années ; mais après maintes expériences douloureuses, il a écrit à son père pour lui demander pardon et pour lui demander s'il pouvait revenir à la maison. Mais ce qu'il avait fait lui paraissait si grave, qu'il doutait que son père puisse lui accorder son pardon. Il a écrit : "Père, je rentrerai par le train qui passe au bout de notre jardin. Si tu veux m'accueillir, pends un linge blanc au pommier qui est au fond du jardin. Je verrai le linge et je saurai que je peux revenir. S'il n'y a pas de linge blanc, je ne reviendrai pas". A mesure que le train s'approchait, il était nerveux, angoissé au point qu'un voyageur assis dans le même compartiment s'en est aperçu et lui a demandé s'il pouvait faire quelque chose pour lui. Le jeune homme lui raconté son histoire en ajoutant : "Le train approche de la maison et j'ai peur de regarder par la fenêtre, de crainte qu'à ce pommier il n'y ait pas un linge blanc". Le voyageur lui dit qu'il regarderait à sa place. Arrivé à l'endroit, le voyageur lui cria : "Venez voir ! Venez voir ! Il y a un linge sur chaque arbre du jardin !" De peur que leur fils ne manque le signal de bienvenue, ils avaient mis des linges sur tous les arbres !
Pour nous dire qu'il nous attendait et que nous pouvions revenir à Lui, Dieu a fait plus que d'accrocher un linge blanc à un arbre. C'est aussi à un arbre qu'il laissa accrocher son propre Fils. C'est ce que dit l'apôtre Pierre au chapitre deux de sa première épître, il emploiera un terme particulier et très évocateur pour parler de la Croix : "Lui qui a porté nos péchés en son corps sur le bois". Le texte anglais dit sur l'arbre, ce que le texte grec suggère aussi.
La Croix de Jésus est le grand signe de Dieu. Il n'en donnera jamais d'autre que celui-là. Il n'ira jamais plus loin. Dieu a tellement aimé le monde, dit la Bible, qu'il a donné son Fils unique. En le donnant il a tout donné, il ne pouvait pas donner plus. C'est l'amour qui dépasse le plus terrible des péchés, la plus grande des profanations. Le Seigneur aime à pardonner mais il faut se repentir, il faut lui dire : "Père, j'ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d'être appelé ton fils ; traite-moi comme l'un de tes mercenaires", et il vous prendra dans ses bras. Il vous serrera sur son cœur. Il vous tiendra par la main tous les jours de votre vie, jusqu'à ce qu'il vous introduise dans son royaume.
Mais il faut venir ! Le fils prodigue s'est levé et il est allé. Voulez- vous vous lever et venir chercher le pardon de Dieu en lui disant : 'Moi aussi Seigneur, je veux cette nouvelle vie, ce nouveau vêtement, cette nouvelle alliance, ces nouvelles chaussures, cette nouvelle joie, cette nouvelle vie que tu donnes, je veux l'avoir maintenant. Seigneur, j'en ai assez de mes cochons. J'en ai assez ! Ils sentent mauvais et je sens comme eux. Parfois je me dégoûte à moi-même. J'ai envie de me vomir. J'en ai la nausée".
Cela ne vous est-il pas arrivé parfois ? Alors dites-lui "Seigneur, je viens, je me donne à toi. Dites-le dans les termes de ce chant. Lisez ces paroles et dites-les, murmurez-les comme une prière qui vient du cœur, comme une réponse à l'invitation de Dieu.