LA MORT SPIRITUELLE

POMPES FUMEBRES EN DEUIL (2/4)

Aujourd’hui, jour de Toussaint, les cimetières se sont remplis du monde des vivants qui sont allés se souvenir de leurs morts. Et demain 2 novembre, ce sera, selon le calendrier, le jour des morts. C’est donc, comme je l’ai déjà dit hier, une période propice pour parler de choses sur lesquelles on ne s’attarde pas habituellement.

Lorsque Jésus était sur la terre, il a opéré trois résurrections. La mort a reculé trois fois ; d’où les deux sous-titres de nos rencontres : "La Camarde a reculé" et "Pompes funèbres en deuil". Certains diront que Jésus est responsable d’avoir mis les croque-morts au chômage technique.

1) Je vais reprendre les trois textes que nous avons déjà commencé à lire hier soir : le premier dans le saint évangile de Luc au chapitre 8 et à partir du verset 40 : "Voici, un homme nommé Jaïrus, qui était chef de la synagogue, se jeta aux pieds de Jésus, et le supplia d’entrer dans sa maison, parce qu’il avait une fille unique d’environ douze ans qui se mourrait". Nous passons au verset 59 : "Pendant que Jésus y allait, survint de chez Jaïrus quelqu’un disant : Ta fille est morte ; n’importune pas le Maître. Mais Jésus, ayant entendu cela, dit au chef de la synagogue : Ne crains pas, crois seulement, elle sera sauvée. Lorsqu’il fut arrivé à la maison, il ne permit à personne d’entrer avec lui, si ce n’est à Pierre, à Jean et à Jacques, et au père et à la mère de l’enfant. Tous pleuraient et se lamentaient sur elle. Alors Jésus dit : Ne pleurez pas ; elle n’est pas morte mais elle dort. Et ils se moquaient de lui, sachant qu’elle était morte. Mais il la saisit par la main, et dit d’une voix forte : Enfant, lève-toi. Et son esprit revint en elle, et à l’instant elle se leva ; et Jésus ordonna qu’on lui donne à manger".

2) Nous passons chapitre 7 verset 11 où nous trouvons le deuxième récit que voici : "Le jour suivant Jésus alla dans une ville appelée Naïn ; ses disciples et une grande foule faisaient route avec lui. Lorsqu’il fut près de la porte de la ville, voici, on portait en terre un mort, fils unique de sa mère, qui était veuve ; et il y avait avec elle beaucoup de gens de la ville. Le Seigneur, l’ayant vue, fut ému de compassion pour elle, et lui dit : Ne pleure pas ! Il s’approcha, et toucha le cercueil. Ceux qui le portaient s’arrêtèrent. Il dit : Jeune homme, je te le dis, lève-toi ! Et le mort s’assit, et se mit à parler. Jésus le rendit à sa mère".

3) Pour notre troisième récit nous changeons d’évangile. Au chapitre 11 de l’évangile selon Jean, il s’agit là de la mort et de la résurrection de Lazare de Béthanie. Je lis à partir du verset 17 : "Jésus étant arrivé à Béthanie, trouva que Lazare était déjà depuis quatre jours dans le sépulcre. Beaucoup de Juifs étaient venus vers Marthe et Marie pour les consoler de la mort de leur frère…Lorsque Marie fut arrivée là où était Jésus, et qu’elle le vit, elle tomba à ses pieds, et elle lui dit : Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. Jésus, la voyant pleurer, elle et les Juifs qui étaient venus avec elle, frémit en son esprit, et fut tout ému. Et il dit : Où l’avez-vous mis ? Seigneur, lui répondirent-ils, viens et vois. Jésus pleura…. Jésus, frémissant de nouveau en lui-même, se rendit au sépulcre. C’était une grotte, et une pierre était placée devant. Jésus dit : ôtez la pierre. Marthe, la sœur du mort lui dit : Seigneur, il sent déjà, car il y a quatre jours qu’il est là. Jésus lui dit : Ne t’ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ? Ils ôtèrent donc la pierre. Et Jésus leva les yeux en haut, et il dit : Père, je te rends grâce de ce que tu m’as exaucé. Pour moi je sais que tu m’exauces toujours ; mais j’ai parlé à cause de cette foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé. Ayant dit cela, il cria d’une voix forte : Lazare, sors ! Et le mort sortit, les pieds et les mains liés de bandes, et le visage enveloppé d’un linge. Jésus leur dit : Déliez-le et laissez-le aller".

La contrepartie spirituelle de ces trois récits se trouve dans l’épître de l’apôtre Paul aux Ephésiens, chapitre 2, versets 1 à 6 : "Vous étiez morts par vos offenses et par vos péchés, dans lesquels vous marchiez autrefois, selon le train de ce monde, selon le prince de la puissance de l’air, de l’esprit qui agit maintenant dans les fils de la rébellion. Nous tous aussi nous étions de leur nombre, et nous vivions autrefois selon les convoitises de notre chair, accomplissant les volontés de la chair et de nos pensées, et nous étions par nature des enfants de colère, comme les autres…Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont il nous a aimé, nous qui étions morts par nos offenses, nous a rendus à la vie avec le Christ ; il nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes en Jésus-Christ".

Hier soir nous avons rendu visite à la mort, nous avons exploré son domaine, tout en nous tenant prudemment à distance ; nous l’avons contemplée comme au travers du télescope qu’est la Bible, la Parole de Dieu.

Nous sommes allés vers elle afin que nous ne soyons pas trop surpris, ni trop mal préparés lorsqu’elle viendra vers nous. J’ai eu quelques échos de la réunion d’hier soir : c’était, paraît-il, impressionnant !

Comment voulez-vous qu’il en soit autrement ! On ne discute pas avec la mort ; quand elle parle, il n’y a plus qu’à se taire et la laisser parler. Ses arguments sont percutants, elle en appelle aux sens, c’est du palpable, ce que la mort affirme, c’est vrai. Elle n’est pas théoricienne, et, aussi paradoxal que cela puisse paraître, la mort c’est du vécu.

Mais je voudrais ce soir vous parler d’une autre mort : de la mort spirituelle. Je sais que je n’aurai pas la partie aussi facile qu’hier, parce que cette mort spirituelle dont nous parle l’apôtre Paul dans le deuxième chapitre des Ephésiens que nous venons de lire en dernier, cette mort est moins évidente que l’autre ; elle échappe au domaine des sens et appartient au domaine de l’esprit ; elle est spirituelle.

Si elle n’est pas moins réelle que la première, elle n’est pas aussi visible ; elle ne se sert, ni d’un suaire, ni d’un linceul, ni d’un cercueil. Elle ne connaît aucune cérémonie, on n’y lit aucun discours, on n’y creuse aucun trou, et pour elle personne ne porte le deuil.

Origine de la mort spirituelle

Vous allez me dire : "Eh bien parlez-nous donc de cette étrange mort spirituelle".

D’où vient-elle ?

Pour connaître ses origines, il nous faut remonter au jardin d’Eden. C’est là, dans ce lieu de délices, que nous trouvons l’origine, tant de la mort spirituelle que de la mort physique.

Dieu avait dit au premier couple humain en parlant de l’arbre de la connaissance du bien et du mal : "Le jour où tu en mangeras, tu mourras certainement." (Genèse 2 :17). Nous pouvons nous poser la question : Adam et Eve ont-ils été frappés de mort le jour où ils ont péché ? Ce à quoi nous pouvons répondre à la fois par oui et par non. On peut dire non, parce qu’ils ne sont pas morts dans les 24 heures qui ont suivi leur péché. Ils ont même vécu de très nombreuses années après. Et cependant on peut dire oui, ils sont morts ce jour-là, car dès le moment où ils ont péchés, ils ont été frappés à l’instant de mort spirituelle. Et la preuve, c‘est qu’immédiatement ils ont eu peur. La peur s’est installée dans leur cœur ; et par ricochet la peur s’est installée chez tous leurs descendants jusqu’à aujourd’hui. Ils ont tremblé, ils ont craint la présence de Dieu, ils ont été frappés de mort spirituelle. C’est-à-dire que leur esprit qui jusque-là saisissait et comprenait Dieu, fut séparé de la source de la vraie vie. Le domaine spirituel leur a été fermé.

Comme la mort du corps sépare l’homme de tout ce qui se fait sur la terre, la mort spirituelle sépare l’homme de tout ce qui se fait dans le ciel.

Et Adam et Eve, après leur péché, furent aussi coupés de Dieu que nos décédés sont coupés de nous après leur mort ; on a beau leur parler, on a beau les cajoler, on a beau les supplier, on a beau les secouer, ils ne nous voient pas, ils ne nous entendent pas, ils ne nous sentent pas, ils ne nous répondent pas. Tout simplement parce qu’ils ne sont plus là où nous sommes.

La mort spirituelle fait pareil : elle coupe l’homme de Dieu comme un avion qui vole dans le brouillard et a perdu le contact avec la tour de contrôle.

La mort spirituelle atrophie la partie supérieure de l’homme, savoir son esprit par lequel il communiquait avec Dieu. Et c’est ce que dira Paul dans l’épître aux Ephésiens : "vous étiez morts par vos offenses et vos péchés". C’est ce que dira le père en parlant de son fils prodigue : "…mon fils que voici était mort…".

La différence qu’il y a entre ces deux morts s’explique par la place que chacune occupe par rapport au temps.

La mort physique, elle, est devant nous ; nous en parlons toujours au futur. La mort spirituelle, par contre, elle, est derrière nous.

Quant à la mort physique, nous pouvons espérer y échapper le plus longtemps possible, tandis qu’à la mort spirituelle nous ne pouvons plus y échapper car la Parole de Dieu dit "vous étiez" ; il n’est pas dit "vous serez morts" mais "vous étiez morts par vos offenses et par vos péchés". Nous sommes déjà atteints de mort spirituelle.

Comment expliquer cela ?

La mort spirituelle: un héritage

C’est bien simple : Nous avons tous hérité de nos parents beaucoup plus que nous ne le pensons.

Nous avons hérité de leur nom, de leur vie, de leur situation, des avantages qu’ils nous ont acquis. Mais nous avons aussi hérité de leurs tares et de leurs défauts. Nos parents nous ont engendrés à leur vie physique et à leur mort spirituelle.

La Bible nous dit qu’Adam a été créé à l’image de Dieu, mais il est aussi écrit qu’Adam a engendré des fils et des filles à sa ressemblance ; mais non pas à la ressemblance d’un Adam sans péché, mais à celle d’un Adam déchu. Les enfants d’Adam et Eve, et ils en ont eu beaucoup (Genèse 5 :4), ne sont pas nés dans le paradis terrestre, ils sont tous nés en dehors du paradis terrestre. C’est-à-dire qu’ils ont été engendrés à la ressemblance d’un Adam déchu et pécheur.

C’est ce que nous dit l’épître aux Romains : "Comme par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, ainsi la mort s’est étendue à tous les hommes parce que tous ont péché". (Romains 5 :12)

Le roi David l’avait bien compris quand, déjà dans l’Ancien Testament il dit : "Voici, je suis né dans l’iniquité et ma mère m’a conçu dans le péché" (Psaume 51 :7). David ne veut pas dire que la conception et l’enfantement soient péché, mais que dans le processus d’évolution, qui va de la conception à l’enfantement, la nature coupable et pécheresse de ses parents lui a été communiquée.

C’est ce que dit encore l’apôtre Paul dans l’épître aux Corinthiens quand il affirme : "Nous estimons que si un seul est mort pour tous, c’est donc que tous sont morts" (1 Cor. 5 :14). Que veut dire ce texte souvent mal interprété ? Il veut dire que si, pour nous sauver, Jésus-Christ a dû passer par la mort, c‘est bien la preuve que nous étions morts, spirituellement parlant ; parce que si nous ne l’étions pas, il n‘aurait pas fallu qu’il meure. Ainsi la mort de Jésus-Christ sur la croix est la preuve que nous sommes morts spirituellement.

La mort spirituelle: pas de différence

C’est en vertu de cette mort que nous portons tous en nous, que l’apôtre nous dit de la part de Dieu : "Il n’y a pas de différence, tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu" (Romains 3 :23) ; dans cette mort spirituelle, il n’y a pas de différence.

Vous allez peut-être vous récrier : Comment, il n’y a pas de différence ? ! Vous ne pouvez pas mettre tout le monde dans le même sac ! Il y a des différences de qualité, de moralité ; vous devez tenir compte des différences !

Oh ! bien sûr, moi je tiens compte des différences sur le plan moral, mais la Bible n’en tient pas compte et elle ne peut pas en tenir compte pour la simple raison que Dieu nous mesure par la mort. Or, que je sache, il n’y a pas des grands morts et des petits morts ; il y a des morts tout court ! C’est pourquoi il n’y a pas de différence ; pour Dieu on est morts ; on est, sans distinctions, séparés de Lui.

Par exemple, prenez d’abord le cas de la petite jeune fille de douze ans : quand le Seigneur est arrivé, elle était morte depuis quelques instants à peine, elle venait tout juste de mourir. Elle n’était pas encore froide, la rigidité cadavérique n’avait pas encore pris ses membres. On aurait pu croire qu’elle dormait. Avec un peu d’imagination on aurait presque pu la voir se lever, on aurait pu essayer de lui parler ; elle était tout juste morte. Mais elle était tout aussi morte que Lazare et elle ne l’était pas moins que lui. Tout simplement sa mort était, disons, moins évidente ; mais elle était morte tout autant que Lazare qui sentait déjà. Si quelqu’un est mort depuis dix siècles, il ne l’est pas plus que celui qui l’est depuis dix minutes.

De la même façon il y a des gens, surtout des gens d’Eglise, qui sont morts spirituellement ; mais leur mort est moins apparente, moins évidente. Ils ont une vie tellement propre, tellement bien réglée, associée à tant d’œuvres philanthropiques ou paroissiales, qu’on ne dirait pas qu’ils sont morts ; mais Dieu dit qu’ils le sont. Ils ne leur manquent peut-être qu’une chose, comme le jeune homme riche que le Seigneur a rencontré. Il avait la moralité, il avait le renom, il avait la fortune, il avait la religion, il avait la droiture, il avait tout. Et le Seigneur lui a dit : il te manque une chose. La principale lui manquait, il lui manquait la vie ! Il était mort, comme nos beaux monuments qu’on trouve aux carrefours et dans les parcs de nos grandes villes. Ils sont si expressifs ! Il ne leur manque qu’une chose : il leur manque la vie ; c’est-à-dire qu’il leur manque tout, comme cette petite fille. Elle était tout juste morte, mais elle était morte quand même.

Dans le deuxième cas, celui du jeune homme, il était mort depuis - je suppose - un jour, peut-être deux jours. Nous sommes en Orient ; il y fait chaud et il faut s’en séparer rapidement. Sa mort était plus évidente que celle de la petite fille mais moins évidente que celle de Lazare, toutefois il n’était pas plus mort que la petite fille et pas moins que Lazare. Tout simplement, pour lui cela ne faisait plus aucun doute : il était en route pour le cimetière. Il avait ses amis, (aujourd’hui on dirait des copains), qui l’accompagnaient au cimetière. Il y avait des fleurs et des couronnes ; il y avait sans doute beaucoup de fleurs, si bien que le cercueil devait être en partie caché par les fleurs. On pouvait surtout voir les fleurs et deviner ce qu’il y avait en dessous. Eh oui, on pouvait dire de ce jeune homme : "C’était un jeune remarquable. A dix lieues à la ronde il n’y avait pas un garçon comme lui. Pensez-y : il était le seul soutien de sa mère". On pouvait le pleurer, mais il était mort.

Peut-être dit-on de même du bien de vous : que vous êtes un homme sérieux, une fille tiptop, un commerçant réglo, que vous êtes un bénévole de l‘assistance publique, que toutes les années vous prenez une carte de soutien de la Croix Rouge Internationale. Peut-être que vous soutenez aussi les organisations de bienfaisance, peut-être que vous êtes de toutes les aides de charité. Et ce sont là des fleurs bien enviables, et je vous les souhaite, et c’est tant mieux et j’espère qu’il y en a encore beaucoup d’autres à votre crédit. Mais souvenez-vous de ce qui est en dessous : en dessous de ces fleurs qu’on vous jette, il y a un cercueil ! Et dans le cercueil, il y a quelqu’un ! Et ce quelqu’un, c’est vous !

Parce que la Parole de Dieu dit que si nous n’avons pas été vivifiés par la grâce de Dieu, nous sommes morts, quoique vivants.

En parlant d’un certain type de femmes qui ne vivent que pour les plaisirs, la Bible dit d’elles, en 1 Timothée 5 :6 "qu’elles sont mortes, quoique vivantes". Dieu appelle un chat, un chat ; il appelle les choses par leurs noms. Et s’il le fait, c’est parce qu’il nous aime, parce qu’il ne veut pas nous tromper ; il ne veut pas que nous nous leurrions sur notre état afin que, prenant conscience de notre misère morale, nous puissions arriver à la repentance.

Ça, c’était le deuxième cas.

Et puis le troisième, c’était Lazare ; il était depuis quatre jours dans le sépulcre, donc il était mort depuis cinq ou six jours, et il sentait. Quant à lui, ça ne faisait plus aucun doute, il était bien mort ; la seule différence c’était tout simplement qu’il sentait. On n’avait pas pu le garder, il avait fallu s‘en séparer. Il y a comme cela dans la société des gens dont on doit de séparer. Dois-je citer ceux que l’on envoyait autrefois au bagne, au couperet de la guillotine, et aujourd’hui en prison, parfois à perpétuité. Des gens de sac et de corde qui sentent mauvais et sur lesquels la société a roulé la pierre de l’opprobre ; on les écarte parce qu’ils sentent. Ils sont trop dangereux pour les laisser en liberté.

Mais devant Dieu, il n’y a pas de différence. La petite fille, le jeune homme ou Lazare, tous les trois étaient morts. Pas de différences. Ca met parfois les nerfs à fleur de peau de certains, mais il faut l’accepter car Dieu le dit : "Il n’y a pas de différence, tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu" !

Qui peut être ramené à la vie ?

Maintenant allons un peu plus loin ; je pose une nouvelle question : "Qui peut être ressuscité ?"

Je pense que nous désirons tous être sauvés ? Mais, pour être sauvé…il faut d’abord admettre que l’on est perdu. Jugez-en vous-mêmes : On ne peut ressusciter qu’un mort. Il n’est jamais venu à l’idée de personne de ressusciter un vivant. Jésus n’a jamais ressuscité Pierre, ni Paul, ni Jean ; et pourquoi ? Eh bien parce qu’ils n’étaient pas morts. On ne peut ressusciter qu’un mort.

De même, Dieu ne sauvera jamais quelqu’un qui ne veut pas se reconnaître perdu. Dieu veut vous donner la vie éternelle, mais est-ce que vous voulez reconnaître que vous ne l’avez pas ? Ce n’est que lorsque l’espoir n’est plus permis que le miracle se fait. Et comment voulez-vous que le miracle de la conversion s’opère dans votre vie, si vous n’en reconnaissez pas la nécessité ?

Il est possible que parmi mes auditeurs, ce soir, il y ait des gens très bien qui veulent être sauvés mais qui ne veulent pas se reconnaître spirituellement morts, même pas comme la jeune fille ! C’est à n’y rien comprendre : vous seriez bien vivant et vous demanderiez à Dieu de vous ressusciter ? Vous seriez assez bons pour aller au ciel et vous demanderiez à Dieu de vous sauver ! Peut-être même êtes-vous étonnés de ce que Dieu ne vous réponde pas ! Vous dites peut-être : Je prie, mais le ciel est fermé, Dieu ne me répond pas.

Mais... mes amis : Dieu ne vous répondra jamais ! Tout ce que Dieu peut faire, c’est d’attendre, comme dans le cas de Lazare. Jésus en effet n’est pas venu tout de suite, il a attendu plusieurs jours avant de venir : pourquoi ? Pour que Lazare sente un peu plus fort afin que l’on sache bien qu’il était mort. Et vous pouvez prier Dieu tant que vous voulez, il ne vous répondra pas. Il va seulement attendre que vous sentiez un peu plus mauvais, que vous fassiez un peu plus de mauvaises expériences, que vous descendiez un peu plus bas afin de connaître ce qu’il y a dans votre propre cœur, et qu’au lieu de lui dire : "Seigneur sauve-moi parce que je suis un honnête homme", vous puissiez enfin dire comme l’apôtre Paul : "Misérable que je suis dira l’apôtre, qui me délivrera du corps de cette mort ?

Voilà celui qui peut être ramené à la vie éternelle : Celui qui se reconnaît pécheur et coupable devant Dieu.

Impossible de se sauver soi-même

Une autre chose que j’apprends aussi : c’est que l’on ne peut pas se ressusciter soi-même.

Monsieur de La Palisse en aurait dit autant, bien sûr, mais je crois qu’il est parfois bon de rappeler des lapalissades.

Vous savez comme moi qu’on ne peut rien exiger d’un mort. Le mort ne peut rien s’imposer à lui-même ; tout ce qu’un mort peut faire, c’est se corrompre davantage. De même, tous nos efforts pour nous sauver n’arrivent qu’à nous perdre un peu plus, qu’à nous faire glisser un peu plus bas et qu’à nous faire sentir un peu plus fort. On ne peut pas plus se sauver par ses propres efforts, qu’on ne peut monter jusqu’à la lune en tirant sur son veston de toutes ses forces ! Je peux essayer tant et plus, je ne me soulèverais pas d’un centimètre. Un mort, il est mort ; c’est fini, il ne peut plus rien faire !

Les autres ne peuvent pas sauver non plus

Non seulement le mort ne peut rien faire pour lui-même, mais les hommes non plus ne peuvent plus rien faire pour lui. Tout ce qu'ils peuvent faire, c’est sympathiser, présenter des condoléances, le plaindre, lui payer un beau cercueil en bois de chêne, lui creuser un trou et faire une oraison funèbre, et c’est tout.

Les hommes, fussent-ils ecclésiastiques, ne peuvent pas plus sauver votre âme qu’ils ne peuvent ressusciter votre corps. Tout ce que les hommes peuvent faire, c’est vous embaumer. Ah ça, oui, ils peuvent arrêter temporairement la corruption, comme les Egyptiens autrefois ; ils peuvent vous momifier, mais rien de plus. Si un jour un tour-opérateur vous conduit à Moscou, allez voir sur la place Rouge le mausolée de Lénine. Il repose dans un cercueil de verre où, à grand frais, la corruption est tant bien que mal arrêtée. Par un savant jeu de lumières, on croirait presque le voir respirer, il semble être plongé dans un sommeil éternel. Mais, il est mort, et il est bien mort.

De la même façon, les savantes subtilités morales et philosophiques d’inspiration laïque ou religieuse, ne peuvent que retarder la corruption et embaumer les âmes d’illusion ; mais elles ne peuvent pas sauver. Non, un mort ne peut pas se ressusciter lui-même, et les hommes ne peuvent pas ressusciter un mort !

C’est pourquoi le salut ne peut être qu’un acte de grâce "extérieur à nous". Seul Jésus, se tenant sur le seuil de notre mort spirituelle, d’un mot peut nous rendre la vie !

Toute vie vient de Dieu, et la vie éternelle ne fait pas exception. Cette vie éternelle vous pouvez l’avoir parce que le Fils de Dieu qui, trois fois devant trois cas impossibles a ramené des morts à la vie, se trouve parmi nous ce soir. Il a dit que : "là où deux ou trois sont assemblés en son nom, je suis au milieu d’eux". Il a pu dire ces paroles parce que lui-même est ressuscité. Ayant vaincu la mort, c’est à titre de Vainqueur qu’il peut vous donner la vie qui s’écrit avec un "V" majuscule ; la vie avec un sens, la vie avec un but, une nouvelle vie, une vie tellement miraculeuse que pour décrire ce qui se passe dans l’âme de celui qui se convertit, l’apôtre Paul n’hésite pas à employer l’expression : Vous êtes ressuscités avec le Christ. Le salut que Jésus donne, c’est un événement qui affecte réellement la partie centrale de l’individu, c’est-à-dire son âme, sa personnalité et son caractère. C’est une véritable résurrection spirituelle.

Un remède unique à la mort spirituelle

J’apprends encore, en lisant ces textes, que Dieu donne un remède "unique" pour tous. Et cela porte un coup décisif à ceux qui persisteraient à croire qu’il y a des grands morts et des petits morts, et que certains ont besoin d’une plus grande grâce que d’autres pour être sauvés.

Jugez-en vous-même : lorsque Jésus s’est présenté devant la tombe de Lazare, l’Ecriture dit qu’il a crié d’une voix forte, et cela se comprend. La putréfaction commençait ses ravages et on comprend que seul une grande personne, un grand ordre, une grande puissance, pouvait sortir Lazare de son tombeau. Il est dit que le Seigneur parla d’une voix forte.

Mais, quand le Seigneur est venu vers la petite jeune fille, comment a-t-il parlé, puisqu’elle était tout juste morte ? Est-ce qu’il lui a susurré quelques paroles à l’oreille ? Relisez le texte : "Jésus dit d’une voix forte : Enfant, lève-toi" Il fallait pour ressusciter la petite fille, la même puissance que pour ressusciter Lazare.

Et pour sauver un pécheur respectable, il faut la même puissance que pour sauver un pécheur dissolu. Et pour bien le prouver, Dieu nous a donné un seul Sauveur. Il nous l’a donné dans un seul sacrifice et il ne nous a donné qu’un seul moyen pour être sauvé : la foi au Seigneur Jésus.

Mes amis, c’est devant la Croix de Jésus-Christ que vous comprendrez la profondeur de votre mort, car il a fallu un sacrifice aussi grand que votre péché. Blaise Pascal a dit : "La grandeur de la chute se mesure par la grandeur du remède qu’il a fallu". Regardez la Croix et l’agonie du Fils de Dieu, et vous verrez combien grande était votre perdition, regardez la nuit de midi, la nuit de Golgotha, et vous comprendrez quelle était votre nuit ; regardez la mort du Fils de Dieu et vous saurez alors combien grande était votre mort, parce qu’il est mort d’une mort à la mesure de votre mort spirituelle.

Ecoutez le cri de l’abandon infini qu'il supportait ; écoutez le "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné", le cri des damnés, le cri que vous deviez pousser éternellement en enfer… Mais il l’a poussé pour vous sur la croix pour que vous n’ayez jamais à le dire. Voilà sa mort, voilà la votre, la nôtre, la mienne…

Différentes manières de procéder

Je voudrais maintenant voir avec vous - car le texte est extrêmement riche - les différentes manières de procéder du Seigneur.

Si le résultat est le même dans les trois cas, le Seigneur ne s’y est cependant pas pris de la même façon avec les trois. Et nous pouvons être sûrs qu’en agissant ainsi, il a fait ce qu’il convenait le mieux à chacun.

-Dans le cas de la jeune fille, il lui a pris la main.

Oh, bien sûr, la voix était forte, mais le geste avait la légèreté d’un souffle. Et c’est peut être par quelque chose d’aussi léger qu’un souffle, que le Seigneur vous attire à lui ce soir ; il ne vous dit peut être pas autre chose que : "Tu te trompes, mon ami, tu fais fausse route, viens, suis-moi". Il ne vous dit peut être pas d’autre mot que ce qu’il a dit à la femme adultère autrefois : "moi non plus je ne te condamne pas : va et ne pèche plus". Le Seigneur ne fait peut-être ce soir envers vous, d’autre geste que celui qu’il a fait envers Pierre : il s’est retourné et il a regardé Pierre... et Pierre est sorti pour pleurer.

Il touche la main de la petite fille…

-Dans le deuxième cas, le Seigneur a touché le cercueil.

Le cercueil, c’est ce qui retenait captif le jeune homme. C’était la prison de laquelle il n’était pas capable de sortir. Et dans certains cas, pour nous sauver, le Seigneur doit toucher notre prison. N’est-il pas vrai que nous sommes souvent des prisonniers, prisonniers d’habitudes coupables ou vicieuses, prisonniers de notre entourage, prisonniers de nos idées sur la religion, comme la Samaritaine qui croyait pouvoir adorer Dieu à sa façon, comme cela lui plaisait ; prisonniers de notre sagesse à courte vue, prisonniers de nos ambitions, prisonniers de notre caractère - de notre fichu caractère - prisonniers de nous-mêmes… Ah ! il y en a des prisons, des prisons sans barreaux ; et le Seigneur touche à tout ce qui nous retient captif. Pour vous sauver, le Seigneur devra peut être toucher à quelqu’un que vous aimez trop, il devra peut être vous l’enlever, afin que vous puissiez enfin trouver la porte du royaume de Dieu. Il devra peut-être toucher à votre fortune, ou à votre position sociale, comme cette femme qui m’a dit un jour : "J’ai perdu ma fortune, j’ai tout perdu, et c’est quand j’ai tout perdu que j’ai trouvé la porte du salut". Il devra peut-être toucher à vos amis, les faire se dresser contre vous afin que vous puissiez vous tourner vers lui. Peut-être devra-t-il toucher à votre santé, afin qu’étant moins sûrs de vous, vous commenciez à compter sur lui et avec lui.

Il toucha son cercueil, sa prison…

-Dans le troisième cas, trois verbes sont employés : Jésus pleura, Jésus frémit et Jésus cria. C’est ici le drame d’une victoire que le Seigneur ne semble remporter qu’à l’arraché ; c’est Jésus qui lutte, et l’âme qui résiste.

Il faudra donc qu’il pleure, lui le premier, avant que les premières larmes de repentance viennent inonder les yeux du coupable. Il faudra que ce soit lui, le Seigneur, qui frémisse, avant qu’un premier frisson de vie ne vienne parcourir des cœurs de pierre. Il faudra que ce soit le Seigneur qui supplie, avant que des paroles de confession ne viennent naître sur des lèvres closes à tout langage sacré.

Ah, mes amis, faudra-t-il que le Seigneur lutte avec vous, comme il a lutté avec Saul de Tarse, en lui disant "pourquoi me persécutes-tu ?"

Un toucher de la main, un toucher du cercueil ; puis un frémissement, des larmes, et une prière ardente.

Je ne sais pas comment le Seigneur s’est approché de vous ce soir, mais je sais seulement une chose : c’est qu’il s’est approché… Et il est même possible que dans les trois cas analysés, vous ne reconnaissiez pas le cas qui vous est propre.

Vous avez peut-être entendu des gens rendre témoignage de leur conversion, et vous ne vous être reconnus nulle part, et alors il y a peut-être dans votre cœur une certaine angoisse car vous vous dites : "Personne n’a cheminé comme moi, personne n’a erré comme moi ; Dieu ne s’est pas révélé à moi comme il s’est révélé aux autres". Et vous vous sentez frustrés de n’avoir pas cheminé comme les autres.

Laissez-moi vous dire qu’il n’y a pas deux conversions semblables : ni la jeune fille, ni le jeune homme, ni Lazare n’ont été entrepris par le Seigneur de la même façon. Et vous pouvez être sûr que si l’évangile nous avait rapporté un quatrième cas de résurrection, il eût été absolument différent.

Ne vous découragez pas, le Seigneur saura s’approcher de vous ; il saura vous parler, vous sauver d’une façon qui sera unique et différente de toutes les autres. Il emploiera peut-être envers vous les grands moyens, comme envers Saul de Tarse ou tel alcoolique invétéré; il ne vous dira peut-être que deux mots comme à Lévi autrefois : "Suis-moi", il ne posera peut-être sur vous d’autre regard que celui qu’il a posé sur Pierre, et, comme lui ce soir, vous sortirez alors pour pleurer...

Encore un mot et je termine.

Quoi qu’il en soit, c’est par l’Homme de la croix du calvaire que l’on doit être sauvé. Certains, comme le larron, sont sauvés à la dernière extrémité ; d’autres, comme le centenier romain, sont sauvés dans les éléments déchaînés ; et d’autres, comme Lydie du livre des Actes, sont sauvés dans le calme d’une réunion de prière.

Je ne sais pas comment le Seigneur se révèle à l’âme en particulier, mais je sais une chose : c’est que le larron et le centenier se sont repentis et ils ont cru. Je sais une chose, c’est que moi aussi je me suis repenti et j’ai cru. Je sais que tous ceux qui sont sauvés se sont repentis et qu’ils ont cru. Et je sais que si vous voulez être sauvés, il vous faut vous repentir et il vous faut croire au Seigneur Jésus !

Alors, ce soir, posez l’acte de repentance et dites-lui : "Seigneur, c’est vrai, je suis mort, je l’admets ; je capitule toutes les prétentions desquelles je me suis prévalu jusqu’ici".

Cette repentance, ces aveux, doivent s’exercer devant lui, pas devant moi ; c’est à lui et à lui seul qu’il faut dire : "Seigneur, ça ne va pas, je tourne en rond, ma vie n’est qu’une mascarade, je joue au chrétien et ce n’est pas vrai, et les autres le savent bien et moi aussi je le sais bien... Seigneur, pardonne-moi, je me repens". Puis tournez-vous vers le crucifié du Golgotha et dites-lui : "Seigneur, tu es mon seul espoir de salut, il n’y a que toi qui puisses me faire revivre, tu me demande la repentance... eh bien Seigneur je me repens ; tu me demandes de croire que tu es le seul sauveur... eh bien Seigneur, je crois".

Faites ces deux choses et si nous devions nous revoir dans 15 jours vous me diriez :

"Fernand Legrand, je ne sais pas ce qui se passe, je ne me reconnais plus, je ne suis plus le même homme !

"Bien sûr, vous répondrais-je, vous étiez mort, et maintenant vous êtes vivant.

Celui qui est en Christ, est-il écrit en 2 Corinthiens 5 :17, est une nouvelle créature, les choses anciennes sont passées, toutes choses sont devenues nouvelles. Tout cela ce sont les promesses d’un Dieu qui ne peut mentir. A vous d’expérimenter si elles sont vraies. Et pourquoi ne les éprouveriez-vous pas dés ce soir…La balle est dans votre camp, à vous de jouer maintenant ; à vous de lui dire "Seigneur c’est d’accord, je me donne à toi". Et le Seigneur fera le reste.