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EXTRAITS DE POÊMES VAUDOIS
SANS INDICATION DE DATE.
LA BARQUE.
- La sainte Trinité nous permette (donne) parler
- Chose qui soit d'honneur et de gloire,
- Et qui au profit de tous puisse tourner,
- Et aux écoutants donne désir
- Qu'ils mettent la volonté
et le cœur
- À entendre bien les notres discours.
- ...............................................................
- De quatre éléments a Dieu le monde formé
- Feu, air, eau et terre sont nommés,
- Étoiles et planètes fit de feu;
- Le zéphir et le vent ont en l'air leur lieu
- L'eau produit les oiseaux et les poissons,
- La terre les animaux et les hommes félons.
- La terre est le plus vil des quatre éléments
- De laquelle fut fait Adam père de toute gent.
- O fange! ô poussière!
maintenant te glorifie
- O vaisseau de misère !
maintenant t'enorgueillis
- Orne-toi bien, et cherche vaine beauté ;
- La fin te montrera ce que tu auras ouvré.
- ...............................................................
- Regarde dès la notre naissance
- De combien est de valeur le notre vêtement
- Nus au monde venons et nus nous en retournons
- Pauvres y entrons et avec pauvreté sortons
- Et riches et pauvres ont même entrée
- Seigneurs et serfs ont même sortie.
- Car, selon le mien avis, je les vois beaucoup fort errer,
- Car ils laissent le bien et opèrent beaucoup fort le mal
- Tous cessent de faire bien par crainte de la gent
- Les uns par convoitise d'amasser or et argent,
- Les autres aiment tant l'honneur et leur plaît le plaisir
- Que peu soignent d'opérer par quoi ils soient élus
- Bien voudraient paradis en tant que pour désirer,
- Mais ce par quoi il s'acquiert ne voudraient guère faire,
- ...............................................................
- Mais je prie Dieu le Père et le sien Fils glorieux
- Et le Saint-Esprit, lequel est des deux,
- Que sauve tous ceux qui ouïront les leçons
- Et qui les garderont selon ce qui est raison
- Bien je voudrais que tous ceux qui sont au temps présent,
- Eussent volonté, pouvoir et entendement
- De servir ce Soigneur, lequel promet et tient
- Lequel donne richesses très-abondamment,
- Délices et grand honneur,
sans manquement.
- Par les trois choses dites vient l'oeuvre à complément
- Quand l'homme a volonté, et pouvoir et entendement
- Alors fait le service qui est à Dieu très-agréable
- Mais quand il a sagesse et n'a le pouvoir,
- Dieu lui compte pour fait, tant il a bon vouloir
- Mais quand il a puissance et grand entendement,
- Lui profite très-peu, quant à son salut,
- S'il n'accomplit par oeuvre,
puisqu'il a la volonté
- Quand viendra au jugement, il sera moult condamné
- Mais si aucun (quelqu'un) a volonté de bien faire,
- Et a la puissance qui pourrait bien opérer,
- S'il n'a la sagesse, il ne se peut sauver,
- Car l'ignorance le Lait très-fort errer.
- Donc à tout homme, lequel se veut sauver,
- Besoin est qu'il entende quelle chose est bien et mai
- Et ait grande force en (dans) bien persévérer,
- Et porte en patience, quand il aura adversité,
- Et aime Dieu surtout par bonne volonté
- Et avant soi le prochain par voie de charité
- Que les autres soient plus grands en sagesse et bonté.
- Donc sagesse nous enseigne, si nous la voulons tenir,
- Que nous devons aimer Dieu et craindre et servir
- Et avoir vraie foi en le sien accomplissement,
- C'est oeuvre vertueuse et droit entendement :
- Puis recevrons la gloire que l'espérance attend.
- Servons donc ce Seigneur que la sagesse dit,
- Lequel est moult puissant et sage aussi
- Juste et bon et miséricordieux,
- Lequel est Roi des rois et Seigneur des seigneurs.
- Beaucoup sont hors sens ceux qui laissent tel Seigneur
- Pour servir ce monde de qui en auront mauvais guerdon
- Mais qui regarde bien à
hommes de ce monde,
- Parce qu'ils n'ont sagesse, sont en plusieurs erreurs,
- Car n'est sinon un Dieu, et ils en vénèrent plusieurs.
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- Brièvement est raconté, en la raison qui est dite,
- Des quatre services qui sont faits en la vie,
- Le premier est beaucoup vain,
c'est de servir le monde,
- Car il trépassera et perdra son guerdon,
- Le second est très-vil,
c'est de servir le corps;
- Vers mangeront la chair, et dépériront les os.
- Mais le troisième est très-grief, c'est servir l'ennemi,
- L'âme sera tourmentée et le corps sera puni ;
- Quand il sera ressuscité au jour du jugement,
- Recevra telle sentence dont il sera dolent.
- Mais le quatrième est très-digne, c'est de servir le Seigneur,
- Ceux-là seront bienheureux qui auront fait tel labeur
- Rois seront couronnés, et jugeront le monde.
- Donc ceux-là qui disent qu'ils se veulent tenir
- Avec la plus grande partie, pour être plus sûrs,
- Que ne regardent-ils avec la pensée avisée
- En la raison écrite qui est ici racontée ?
- Les trois parties sont perdues et la quatrième sauvée
- Et l'Évangile dit, lequel Christ a parlé,
- Que peu sont les élus et beaucoup les appelés
- Ce sont les douze apôtres,
lesquels furent élus,
- Pour suivre le Seigneur laissèrent le, plaisir :
- Ceux qui sont serfs de Christ tiennent cette voie
- Mais ils sont en ce monde petite compagnie ;
- Mais ils sont moult confortés de Christ, le leur Seigneur,
- Car ils recevront le royaume pour paie du labeur,
- Et auront en aide en l'assemblée céleste toujours avec (en) eux
- Vu que nul ne peut compter combien est grande la compagnie.
- Alors les félons seront moult trompés ;
- Mais tard connaîtront qu'ils auront mal ouvré
- Alors sera fait change d'un chacun présent.
- Ceux qui ont ici (deçà) le délice auront là le tourment
- Mais les serfs du Seigneur, qui ont ici (deçà) tribulation
- Auront là éternelle gloire et grande consolation.
- Bienheureux seront ceux qui sont des parfaits,
- Quand là sera complet le nombre les élus
- La puissance du Père et la sagesse du Fils
- Et la bonté du Saint-Esprit nous garde tous
- D'enfer et nous donne paradis !
Amen.
LE NOUVEAU CONFORT.
- Ce nouveau confort de vertueux labeur
- J'envoie, vous écrivant en charité et en amour
- Je prie vous chèrement par l'amour du Seigneur
- Abandonnez le siècle,
servez à Dieu avec crainte.
- Vous dormez longuement en la votre tristesse,
- Vous ne voulez veiller, parce que suivez la paresse
- De (pour) bellement reposer au lit d'avarice
- Faisant à votre chef coussin de convoitise.
- Toute la votre vie est un petit dormir
- Dormant vous songez un songe de plaisir
- Paraît à vous que votre songe ne puisse défaillir,
- Moult ébahis serez et triste au réveiller.
- À votre vain songe vous avez tel plaisir,
- Subitement vous frappera le bâton de la mort,
- Et vous réveillera et serez à mauvaise contenance (en mauvais port);
- N'aurez parents ni richesses qui vous donnent confort.
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- Le corps sera posé en une fosse obscure,
- L'esprit rendra raison selon la droiture,
- Et ne serez excusés ni par pleur ni par regret
- De tout serez payés, mesure par mesure.
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- Plusieurs suivent le monde par grande ignorance ; Ne connaissant pas Dieu, étant en mécroyance,
- Vont par la voie mondaine, comme bestiale essence (contenance)
- Ne savent servir Dieu ni faire vraie pénitence.
- Car quoique la droite voie entendront (entendraient) clairement,
- Jamais pour cela ne la croient ni donnent l'ouïe;
- Le démon leur dérobe (aveugle) l'œil de l'entendement,
- Si (tellement) qu'en eux ne se prend (prend vie) la divine semence.
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- Car tant mettent le soin à
(en) la vie présente
- En leur mauvaise chair nourrir délicatement,
- En manger, et en boire, et vivre grassement;
- Tous les leurs désirs veulent accomplir entièrement.
- Car plusieurs sont tentés avec fausse tentation,
- Encontre l'Écriture mettent leur intention,
- En les liens charnels mettent leur dévotion
- Avec lesquels le démon les tire à perdition.
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- Serfs sont du Seigneur,
marqués de son sceau
- Jésus-Christ les appelle son petit troupeau :
- Ceux-ci sont ses brebis et ses vrais agneaux,
- Souvent sont persécutés des mauvais enragés.
- Ces bons agneaux suivent le leur pasteur,
- Et bien connaissent lui, et lui-même connaît eux,
- Et les appelle par nom et va devant eux :
- Ils entendent la sienne voix plaisant avec douceur.
- Et les mène paître au champ spirituel;
- Trouvent moulte pâture moult substantielle,
- Ne mangeront herbe mauvaise ni pâture mortelle
- Mais sont repus du pain vivant et céleste.
- À la fontaine de vie les mène avec joie,
- Boivent eau précieuse qui leur donne confort;
- Tout homme qui en boira est de si noble sort
- Que jamais n'aura tare (et non trahison), ne tâtera la mort.
- Le notre bon pasteur le sien troupeau aimait,
- Et pour les siens agneaux la sienne vie quittait,
- La volonté du Père il leur annonçait,
- La voie de salvation (salut) bien leur admonestait (montrait).
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- La joie et la grande gloire ne se peut raconter
- N'est homme vivant qui au cœur puisse penser,
- Ni langue tant subtile qui sache tant parler,
- Ni vue d'œil si claire qui puisse regarder (voir).
- O chers amis! levez-vous du dormir,
- Car vous ne savez l'heure que Christ doit venir
- Veillez toujours (toute vie) de cœur en Dieu servir,
- Pour être à la gloire, laquelle ne doit finir.
- Ores venez au jour clair, et ne soyez négligents,
- Frappez à la porte, faites vertueusement,
- Et le Saint-Esprit vous ouvrira doucement
- Et amènera vous à la gloire du ciel vraiment.
- Venez et n'attendez à la nuit ténébreuse,
- Laquelle est très-obscure,
horrible, épouvantable;
- Celui qui vient de nuit, jamais l'époux ni l'épouse
- N'ouvrira à lui la porte précieuse. Ainsi soit-il.
LE PÈRE ÉTERNEL.
- Roi indulgent et miséricordieux,
- Donne aux croyants en toi coeur (courage) d'être bons,
- Et les autres convertis par les tiens prédicateurs.
- Consolateur droiturier, saint et principal,
- Purifie la mienne âme de tout péché mortel,
- Plantes-y les vertus et déracine les véniels.
- Roi glorieux, régnant sur tous les royaumes,
- Fais-moi régner avec toi au tien céleste royaume
- Que je chante avec tous les saints et toujours louer toi je sois digne
- Héritier gracieux de tous les bons trésors,
- Donne vive espérance et conforte (fortifie) le mien cœur.
- Et à moi et à tous les miens donne du tien trésor.
- Gage ferme et non muable de la notre hérédité,
- Donne-moi ici goûter de la tienne grande bonté,
- Que les vertus soient douces et haïs soient les péchés.
- Gouverneur éternel de toutes les créatures,
- Ôte de nous les vices, et répare les figures,
- Afin que luisent de vertu, et jamais ne soient obscures.
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- Agneau de Dieu vrai, non coupable qui ôtes les péchés,
- Mène-moi an mont de Sion allègre et très-sûr, suivant les non souillés,
- En herbes verdoyantes et fleurs bien odorantes là sois de toi gardé.
- Conseiller fidèle,
merveilleux et fort,
- Conseille le tien peuple qui est tourmenté à tort
- Afin qu'il abandonne ce monde pour venir au tien jardin.
- Engendreur des vivants,
lumière merveilleuse et grande,
- Toutes choses sont semblables, le tien oeil regardant,
- Tu es garde (gardien) des hommes,
des petits et des grands.
- Pasteur grand et bon des brebis suivant toi,
- Garde-les d'ours et de lions et de loups méconnus
- Comme tu connais eux, fais-leur connaître toi.
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- Avocat entendant (entendu) en lois et en décrétales,
- Envers Dieu notre Père parle pour nous mortels,
- Afin que par ton amour nous fasses héritiers célestes.
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- Évêque pur, saint et fidèle selon (second) Adam
- Offre-nous à ton Dieu comme fit son fils Abraham,
- Pain vivant et quotidien,
garde-nous de toute déréglée faim.
- Amitié divine de gracieuse existence,
- Donne vraie amitié à
mon entendement,
- Afin que comme tu veux et non je veuille une même œuvre.
- Trinité benignissime,
première volonté,
- Contre ton bon plaisir ont les méchants ouvré,
- Mais selon un tien vouloir ne peut être contesté.
LE MÉPRIS DU MONDE.
- O très-chers ! mettez ici le votre soin
- Car c'est par la divine Écriture,
- Que personne ne mette l'espérance ni l'amour
- Dans les choses du monde qui mènent à douleur
- Et quiconque Jésus-Christ veut aimer
- Le monde mesquin il doit fortement haïr
- Et ce que le monde aime et tient pour doux,
- Il doit tenir pour amer et pour fort venimeux
- Et comme grand crachat et grief venin mortel
- La pompe et l'honneur du monde il doit fortement esquiver
- Et comme fumier sale doit haïr son honneur,
- Et vers le royaume du ciel soupirer par grande vigueur.
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- O frère très-cher !
au monde ne te réjouis,
- Car la mort par aventure demain t'en vient mener
- À la cruelle mort tu ne peux contester
- Par aucun pacte ni raison que tu lui puisses trouver.
- Ores serait venu le temps de pleurer
- Et d'avoir grande douleur et de grièvement soupirer
- Ores serait temps de mener grande joie (douleur, deuil)
- Et tous les notres péchés pleurer dévotement.
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- Nous tous voyons le monde misérable et douloureux
- Périr sous la mort et n'avoir recours.
- Et elle n'a d'aucun aucune miséricorde ;
- Aux dues et aux princes elle est fort commune
- À jeune comme à viel elle ne veut pardonner ;
- Par aucun moyen (engin) ne peut éviter (échapper) le fort
- Qu'il ne soit broyé
(atterré) sous le pied de la mort.
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- Car la vie vite passe comme le léger vont
- Et comme ombre, et fuseau, elle tourne à néant.
- De qui te rempareras-tu (rachèteras), quand la mort t'occira:
- Car pacte ni convention la mort ne recevra
- L'or ni l'argent ne te secourra
- Ni prière d'ami ne te délivrera.
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- Donc opérons voyageusement le bien que nous pouvons faire,
- Car la mort ne cesse toujours de menacer ;
- Ni dans les choses du monde ne veuillons espérer,
- Mais mettons la notre espérance dans les biens célestes.
- Le fol est trompé en l'amour de la vie présente,
- Mais le sage connaît combien elle est pleine de tourment
- La beauté et le trésor du monde comparé
- À la fleur du champ,
laquelle est noblement honorée
- Qui, quand elle est taillée, subitement sèche
- Dès que la chaleur du soleil la touche,
- Et la beauté qu'elle avait premièrement
- Est aussitôt tournée en grande difformité.
- L'honneur du monde je te veux raconter,
- À ce que tu entendes et ne puisses nier
- Combien est brève et combien peu peut durer
- Toute puissance terrestre et royale seigneurie.
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- Vous pouvez tous connaître que n'a grand profit
- En possessions de terre, ni en les autres grandes délices,
- Ni en tours, ni en palais, ni en grands édifices,
- Ni en tables, ni en repas, ni en les grands mangers,
- Ni en les lits honorables, ni en les belles parures,
- Ni en vêtements clairs et fortement resplendissants,
- Ni en troupeaux de bêtes, ni en travail de moult champs.,
- Ni en belles vignes, ni en verger,
ni en jardin grand,
- Ni en moults fils, ni en autre grande famille,
- Ni en autre honneur mondain tournant comme étincelle
- Quel est donc le sage qui a souci d'acquérir
- Ce qui avec travail s'acquiert et tant peu peut durer
- Celui-là n'est très-sûr ni très-bien logé
- Lequel peut être de la mort subitement attrapé.
L'ÉVANGILE DES QUATRE SEMENCES.
- Ores parlons de l'Évangile des quatre semences
- Que Christ disait au siècle actuel,
- Par quoi il eut au monde aucun (quelque) commencement
- De la sienne créature engendrée nouvellement.
-
- Le semeur la sienne semence semait;
- L'une tomba en la voie (chemin) :
fruit ne germait
- Et ne pouvait naître, la racine ne prenait (reprenait)
- Les hommes la foulaient, les oiseaux la dévoraient.
-
- L'autre entre les pierres ne faisait profit
- Sentant la chaleur elle sécha sans retard ;
- L'autre entre les épines eut grande suffocation,
- Et ne pouvait faire fruit ni bon portement.
-
- L'autre en bonne terre droitement croissait
- Faisant bon épi droit et plein ;
- Le sien cultivateur droitement recueillait
- Pour une, cent ou cinquante ou trente en recueillait.
-
- L'Évangéliste démontre qui est le semeur
- Celui-là est Jésus-Christ, le notre Sauveur,
- Roi des rois, Prince des pasteurs,
- Semant la graine du céleste labeur.
- Cette semence était la sienne prédication
- Laquelle il semait avec grande affection
- Mais souvent rencontrait grande tentation :
- Tombant en vile terre souffrait destruction.
- Car les oiseaux de l'air viennent à batailler
- À bon semeur pourtant veulent contester (s'opposer),
- Toute la sienne semence cherchent à dévorer,
- Car en plusieurs manières l'essayent de tenter.
- Ces faux oiseaux sont les malins esprits :
- L'Écriture cela démontre et en l'Évangile est écrit
- Et veulent dévorer le troupeau petit petit
- Duquel est bon pasteur le Seigneur Jésus-Christ,
- Quand ces oiseaux trouvent la semence
- Éparse par la voie, sans culture,
- Qui n'a racine, ni pris renaissance,
- À l'instant la dérobent moult (fort) cruellement..
- ...............................................................
- Mais quand le semeur sème la semence,
- L'une tombe dans les pierres où a peu d'aliment
- Et, parce que y a peu terre, en sort subitement,
- Mais fait petite racine et chétive pousse.
- Quand cette semence est de terre sortie,
- Elle n'a ferme tuyau (racine), ni la moelle remplie,
- Est brûlée du soleil et de grande chaleur frappée
- Ensuite (ainsi) tournent sèche et sans vigueur.
- Ceux-là sont ceux qui,
quand on les admoneste.
- Qu'ils entendent la parole et l'écoutent avec fête,
- Volontiers la reçoivent, et bien leur paraît honnête
- Mais trop sont temporels et de méchant geste (action)
- Et à l'instant qu'ils sentent la persécution
- Un peu d'épouvante, ou de tribulation,
- Ils renient et laissent la prédication
- Laquelle ils écoutaient avec si grande dévotion.
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- Le leur adversaire, l'ennemi éternel,
- Dragon, serpent antique, plein de venin mortel,
- Lequel est Satan, semeur de maux,
- Mêlait la sienne ! vraie avec la semence royale.
- Cette mauvaise herbe, semence de tristesse,
- Ce sont les fils félons,
pleins de toute malice,
- De poursuivre les justes ont grande convoitise,
- Veulent (voulant) eux dévier de la divine justice,
- Tribulations leur donne et les travaille fort,
- Faisant à eux incultes angoisses et tourments jusqu'à la mort
- Mais les justes sont fermes ; en Christ ont leur confort
- Au royaume de paradis seront avec volupté.
- Pour cela craignent Dieu, gardent soi de mal faire;
- La loi du Seigneur s'efforcent de garder
- Et toutes adversités en patience porter,
- Jusqu'à ce que soit venu le temps du moissonner.
- Et quand Christ fera le grand jugement,
- Dira aux siens anges : «
Faites séparation
- Entre les bienheureux et la mauvaise semence. »
- Alors les félons seront tristes et dolents.
- Car le Seigneur Jésus-Christ, la divine sagesse,
- Donnera contre eux très-amère sentence,
- Disant : «
Séparez-vous de la mienne présence,
-
- Descendez en l'enfer en la grande pestilence. »
- Car c'est la paie de vos travaux
- Et de vos désirs ; faisant sans crainte,
- Servant à votre corps, avez laissé le Seigneur;
- Vous posséderez grande peine, pleurs et douleur.
- Recevrez héritage qui jamais ne peut mourir,
- Cruel serpent venimeux qui jamais ne peut finir,
- Et l'âpre feu ardent vous conviendra souffrir,
- Jamais de la ténèbre obscure vous ne pourrez sortir. »
- Alors il parlera avec agréable allégresse
- Aux siens bienheureux remplis de force:
- Venez à posséder le royaume de beauté,
- Jamais ne sentirez pleurs, ni douleur, ni détresse. »
- Comme (ainsi) le bon pasteur bien les admoneste,
-
- Livrera à eux le règne du Père avec fête ;
- Ne craindront l'adversaire ni la sienne mauvaise action,
- Ni la sienne tentation pleine de grande tempête.
- Avec le céleste Père auront leur compagnie,
- Porteront royale couronne de grande seigneurie,
- Précieuse, et noble, et de beauté remplie
- En joie et plaisir sera toute leur vie.
- Car seront fils de Dieu,
père d'indulgence (d'humilité)
- Posséderont la gloire par propre héritage,
- Seront anges glorieux, luisant en clarté ;
- Par (pendant) tout temps seront devant la sainte Trinité. Ainsi soit-il.
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