Inspiré par l'esprit de l'Evangile, la Déclaration des droits de l'homme et du Citoyen rappelle l'importance de la liberté individuelle. Ce droit essentiel, auquel tout être humain aspire, est affirmé dès l'article premier : "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits...!" Est-il, en effet, privilège plus grand que celui d'être libre ? Jean Jacques Rousseau l'affirmait déjà dans son Emile : "Le premier de tous les biens, c'est la liberté".
En France, nous appartenons à un petit nombre de pays - pas plus d'une trentaine au monde, paraît-il? - où la démocratie est un acquis difficilement renégociable. C'est grâce à elle, plus qu'à la Déclaration des Droits de l'Homme, que nous jouissons de libertés individuelles et collectives inestimables ; libertés que nous envient, du reste, beaucoup d'autres pays. Mais sommes-nous bien conscients du privilège que nous avons? Nous en jouissons pourtant tous les jours et de multiples manières.
Il y a, par exemple, la liberté de circuler! Nous pouvons sortir de chez nous, marcher ou rouler où bon nous semble, profiter de la nature aux multiples facettes, sans que nous soyons aucunement inquiétés par les autorités. Tel n'est pas le cas pour une foule de peuples aujourd'hui. On peut évoquer ici la trop célèbre devise, celle de Hô Chi Minh qui, en son temps, était écrite en lettres rouges sur tous les murs des bâtiments publics du Vietnam : "Il n'y a rien de plus précieux que l'indépendance et la liberté" ; ce qui faisait dire aux Vietnamiens, en catimini : "La liberté est trop précieuse ; c'est pourquoi on ne nous en donne qu'un tout petit peu...!" Pouvoir se déplacer sans avoir à demander une autorisation, sans avoir à être pourvu d'un laisser passer, sans être surveillé ou suivi, nous semble naturel... c'est pourtant un privilège!
Il y a aussi la liberté de s'exprimer! Nous y sommes tellement habitués que nous n'en mesurons pas l'importance. Bien entendu, cette liberté là se doit d'avoir quelques limites que le respect d'autrui, heureusement, nous impose ; et la loi est là pour nous le rappeler. Montesquieu ne le disait-il pas : "La liberté est le droit de faire ce que les lois permettent!" Mais affirmer librement ce qu'on pense, sans risquer d'être dénoncé et poursuivi, comme aux heures les plus sombres de l'occupation, lors de la dernière guerre mondiale ; ne pas avoir à parler à mots couverts, en glissant un regard ici et là pour s'assurer qu'on n'est pas épié... quel privilège! Certains, hélas, ne se gêne pas pour abuser de se privilège ; ils se permettent de dire et de publier tout et n'importe quoi, étalant sur la place publique "les choses honteuses qui se font en secret", comme le dit la Bible. C'est, là encore, l'expression de la liberté, même si sur ce point, on ne cesse d'en user et d'en abuser.
Il y a encore la liberté de conscience! Elle est inscrite dans notre Constitution française et nous oublions trop souvent d'en mesurer les avantages. Elle représente pourtant l'un des biens les plus précieux que puisse posséder la conscience humaine. On peut, bien sûr, regarder ce privilège sous un aspect négatif, dans le sens ou chacun est libre de croire en qui il veut et ce qu'il veut, permettant l'invasion de toutes les sectes possibles. Mais pour le chrétien, quel privilège que de pouvoir librement croire en Dieu, en JésusChrist, en la vérité révélée par la Bible, sans être inquiété, pourchassé, comme le furent les huguenots aux heures les plus sombres de notre histoire de France. Cette liberté là n'a pas de prix!
Et puis, il y a encore tant d'autres libertés dont nous pourrions parler! La liberté de vote pour tous ; la liberté de travailler... pour autant qu'il y ait, bien sûr, assez de travail pour chacun ; la liberté, pour ceux qui ont la santé, de pouvoir pratiquer leurs sports favoris ; la liberté, pour ceux qui en ont les moyens, de s'offrir tous les loisirs qu'ils veulent. La liberté d'acheter et de vendre, avec cette grande liberté de choix que nous avons en tout et pour tout, nous qui vivons dans une société d'abondance et qui, malheureusement, oublions si souvent d'être reconnaissants pour tous ce que nous avons à notre disposition. D'autant que nous savons bien que pour les habitants de beaucoup de pays, la liberté, toutes les libertés manquent cruellement. Et pour beaucoup d'autres où il y a abondance de biens, le bonheur n'est pas forcément au rendez-vous de leur libertés. Monsieur de La Fontaine écrivait dans la morale de sa fable : Le cheval s'étant voulu venger du Cerf, "Hélas! Que sert la bonne chair quand on n'a pas la liberté!"
On pourrait ainsi longtemps épiloguer sur le privilège d'être des êtres libres. Or, ce que nous oublions peut-être encore plus facilement, c'est que notre liberté s'arrête aussi là où commence celle des autres. Il n'y a donc pas de "liberté" sans limites, celles du respect d'autrui, en particulier et, avant cela, celle du respect de l'auteur de la liberté : Dieu lui-même!
Or c'est bien avec Lui que l'on peut connaître La vraie liberté! Jésus-Christ est venu dans le monde afin de nous faire connaître le plein sens de la liberté. Il a dit : "Quiconque se livre au péché est esclave du péché ...Si le fils vous affranchit, vous serez réellement libres" (Jean 8 : 34 et 36). Parce que toute forme de liberté débridée devient rapidement licence, Jésus-Christ, le Fils de Dieu, est venu mettre de l'ordre dans nos valeurs et nous révéler quelle est l'emprise de l'esclavage du péché, racine de tout débordement. C'est là ce que tout chrétien est invité à vivre en Lui, le Christ! Disons même que c'est en cela que réside la véritable vie chrétienne. L'apôtre Paul en parle comme de "la liberté glorieuse des enfants de Dieu" (Rom. 8 : 21).
Seulement voilà! Le chrétien, lui aussi, peut abuser de sa liberté chrétienne. C'est ce que faisaient certains, déjà du temps de l'apôtre, qui écrivait aux Corinthiens de ne pas profiter de leur liberté pour faire tout et n'importe quoi : "Prenez garde que votre liberté ne devienne une pierre d'achoppement pour les faibles" ( 2 Cor. 8 : 9).
Alors, pensons aux autres autour de nous. Ne vivons pas en égoïstes, même lorsque nous considérons que nous sommes dans nos droits. La charité chrétienne doit présider à nos désirs et à nos motivations de façon à ne faire de tort à personne. Aux Galates, Paul affirmait aussi : "C'est pour la liberté que Christ nous a affranchis. Demeurez donc fermes et ne vous laissez pas mettre de nouveau sous le joug de la servitude... Frères, vous avez été appelés à la liberté ; seulement, ne faites pas de cette liberté un prétexte de vivre selon la chair..." (Gal. 5 : 1 et 13). Ces chrétiens se croyaient supérieurs aux autres chrétiens parce qu'ils continuaient à observer scrupuleusement la loi judaïque. Forts de leur bonne conscience, ils se permettaient certaines choses qui n'avaient plus rien à voir avec le fruit du Saint-Esprit. La chair avait vite repris le dessus sans qu'ils en aient conscience.
C'est ce que l'apôtre Pierre rappellera aussi en écrivant sa première lettre aux chrétiens dispersés : "C'est la volonté de Dieu qu'en pratiquant le bien, vous réduisiez au silence les hommes ignorants et insensés, étant libres, sans faire de la liberté un voile qui couvre la méchanceté, mais agissant comme des serviteurs de Dieu! (1 Pi. 2 : 15 - 16).
Il y aurait, certes, encore beaucoup à dire la dessus, quant à notre façon de parler et d'agir entre chrétiens, si souvent en désaccord avec la vérité que nous professons, mais que nous assenons sans amour. Une saine réflexion sur la question devrait permettre à chacun de mettre de l'ordre dans ses pensées et dans ses actes, si nécessaire. Laissons donc le Saint-Esprit oeuvrer en nous de façon à faire l'application pratique qui s'impose, pour que nous vivions une vie chrétienne normale.
Seul ce travail de l'Esprit de Dieu dans nos coeurs peut nous éviter de tomber dans les si nombreux pièges que l'ennemi nous tend. Si le Saint-Esprit nous remplit et nous conduit ainsi, nous connaîtrons la vraie liberté : celle qui nous affranchit du péché et non de Dieu, et qui est plus précieuse que toutes les autres. Souvenons-nous de ce que dit la Bible : "Le Seigneur, c'est l'Esprit ; et là où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté!" (1 Cor. 3 : 17). Quel grand privilège, le plus grand alors, que celui de devenir enfant de Dieu par la foi en Jésus-Christ et de recevoir le Saint-Esprit pour vivre, et pour vivre vraiment libre, à la gloire de Dieu !