PORTANT LA DATE DE L'AN 1120 (NDE: 50 ans avant la conversion de Valdo)
TRADUCTION DE PERRIN ET DE LÉGER
RETOUCHÉE.
Tiré de Léger, Histoire
Générale, etc., part. p. 71 ; ou de Perrin,
Histoire des Vaudois, part. III, p. 225.
(NDE: ou Antichrist)
Comme la fumée précède le
feu, comme la bataille précède la victoire, de
même la tentation de l'Antechrist précède la gloire.
L'Antechrist est une fausseté
(digne) d'une damnation éternelle, couverte de
l'apparence de la vérité et de la justice de
Christ et de son Épouse; il est opposé
à la voie même de la vérité, de
la justice, de la foi, de l'espérance, de la
charité, (opposé) à la vie morale et au
véritable ministère de
l'Église, (celle-ci étant) administrée
par de faux apôtres, et défendue
opiniâtrement par l'un et l'autre bras (le bras
spirituel et le bras séculier).
Ou bien, l'Antechrist est une
altération de la vérité du
salut, cachée par des objets (choses)
matériels et ministériels, ou une frauduleuse
contrariété à Christ, à son
Épouse et à chaque membre fidèle.
Ainsi, il n'est pas une certaine personne spéciale,
ordonnée dans un certain degré (grade), ou
office, ou ministère, en considérant la chose
en général; mais la fausseté
elle-même, opposée à la vérité dont il se couvre, et (en même
temps) s'orne de beauté et de piété en
dehors de l'Église de Christ, de même de
Christ, de noms, d'offices, (de passages) des
Écritures, de sacrements et de plusieurs autres
choses.
L'iniquité de cette sorte, avec ses
ministres supérieurs et inférieurs, avec ceux
qui la suivent d'un cœur mauvais et aveugle : une telle
congrégation, prise ensemble, s'appelle
Antechrist, ou Babylone, ou quatrième
bête, ou paillarde (prostituée), ou homme de péché,
fils de perdition.
Ses ministres sont appelés faux
prophètes, ministres de ténèbres,
esprit d'erreur, paillarde (prostituée)
apocalyptique, mère de
fornication, nuages sans eau, arbres d'automne morts et deux
fois arrachés, vagues de la mer cruelle,
étoiles tombantes (errantes), Balaamites,
Égyptiens.
Il est appelé Antechrist, parce
que, couvert et orné de (sous) l'apparence de Christ,
de l'Eglise et de ses fidèles membres, il s'oppose
au salut opéré (fait) par
Christ, et administré véritablement dans
l'Eglise de Christ, et qu'il se place au rang
des fidèles par la foi, par l'espérance et par
la charité: à ces divers égards, il se montre contraire
par une sagesse mondaine, par de fausses
religions et par une bonté feinte, par le pouvoir
spirituel, par la tyrannie séculière, par les
richesses, par l'honneur des dignités, par les
délices et par les plaisirs mondains. Il s'oppose
(à Christ, etc.) par ces moyens. C'est pourquoi que
chacun sache (1) que
l'Antechrist ne peut être accompli ni
paraître en aucune manière, sinon
lorsque les choses qu'on vient de nommer seront
réunies ensemble pour former (faire) un
parfait hypocrite et un parfait mensonge,
c'est-à-dire lorsque les sages du monde, les hommes
religieux, les pharisiens, les ministres, les docteurs, la
puissance séculière, avec le peuple, seront
réunis ensemble. Alors ils formeront ensemble l'homme
de péché et d'erreur entier.
Car, au temps des apôtres, c'est une
vérité que l'Antechrist était
déjà conçu, mais parce que,
n'étant qu'enfant, il lui manqua de ses membres
nécessaires, soit intérieurs, soit
extérieurs. C'est pourquoi
(2) on pouvait le
connaître, on pouvait le détruire et
l'excommunier plus aisément comme étant
ignorant et grossier. Et il était muet, car
(3) il n'avait pas la
sagesse qui sait raisonner, qui sait s'excuser, qui sait
définir, qui sait prononcer des sentences; car il lui
manqua des seuls ministres sans vérité et des
statuts humains; il lui manqua des hommes religieux
extérieurement (en dehors) : en effet, il
était bien venu, quant à l'erreur et au
péché, mais il n'avait pas (les choses) avec
lesquelles il put couvrir la souillure ou la vergogne des
erreurs ou du péché. Comme il lui manquait,
des richesses et des dotations, il ne put pas prendre
à gages des ministres pour lui; il ne put pas (non
plus) les multiplier, les conserver, les défendre;
car il manqua de puissance ou de pouvoir séculier; il
ne put ni forcer ni contraindre personne de la
vérité au mensonge
(4).
Comme il lui manqua beaucoup (de choses),
il ne put ni ébranler ni scandaliser personne par ses
solennités. Et ainsi, étant trop tendre et
faible, il ne put pas subsister dans
l'Église. Mais, croissant en ses membres,
c'est-à-dire en ses ministres aveugles et hypocrites
et en ses gens (les siens) du monde; et lui-même
grandit jusqu'à (être) homme fait
dans la plénitude de l'âge, c'est-à-dire
jusqu'à ce que les (hommes) spirituels et
séculiers et les amis du monde, aveugles en la foi et
étant mauvais, se sont multipliés dans
l'Église avec tout pouvoir. (l'Antechrist)
voulant être invoqué, prié et
honoré dans les choses spirituelles et couvrir sa
propre majesté, sa malice et ses
péchés, a eu recours aux saints et aux
pharisiens, en cela, comme il est dit ci-dessous.
Car c'est une extrême iniquité de
cacher (couvrir) et orner une iniquité digne
d'excommunication, et de vouloir paraître (être)
ce qui n'est pas donné à l'homme
(d'être), mais qui appartient (convient) à Dieu
seul et à Jésus-Christ en tant que
médiateur. Enlever (ôter) frauduleusement
à Dieu, par rapine, ces choses et les transporter
à soi et à ses oeuvres doit être une
extrême révolte, comme aussi de régénérer, de pardonner les
péchés, de distribuer les grâces du
Saint-Esprit, de consacrer (confectionner) Christ, et ainsi
des autres (choses) semblables. Et se couvrir dans toutes
ces choses du manteau de l'autorité, de la forme des
paroles, et tromper par ces choses le peuple ignorant
(rustique), imitant (suivant) ce que fait le monde dans les
choses qui sont du monde : éloigner aussi de Dieu, et
de la vraie foi, et de la régénération
(réformation) du Saint-Esprit; éloigner de la
véritable repentance, de la
persévérance dans le bien; éloigner de
la charité, de la patience, de la pauvreté,
de l'humilité, et, ce qui est le pire de tout,
éloigner de la vraie espérance et la placer
en tout mal et en la vaine espérance du
monde; fournir (servir) à tous les ministères
pour ces choses, faire idolâtrer le peuple, servir
frauduleusement les idoles du monde entier, sous le nom de
saints, et les reliques, et prendre part à leurs
services; c'est ainsi que le
peuple, s'égarant extrêmement de la
voie de la vérité, croit servir Dieu et bien
faire, (et par là) on excite ce peuple
à la haine, à la colère et à la
méchanceté contre les fidèles et contre
les amis de la vérité, et il commet (fait)
beaucoup d'homicides, et ainsi l'Apôtre dit la
vérité : Tel est l'homme de
péché accompli, et c'est lui qui
s'élève au-dessus de tout ce qui est
Dieu; et qui est servi, et qui s'oppose à toute
vérité, et qui est assise dans le temple de
Dieu, c'est-à-dire dans l'Église, se montrant
de même que s'il était Dieu, et qui vient avec
toute sorte de séductions pour ceux qui
périssent. Et si ce rebelle est déjà
venu en toute perfection, il ne faut plus le chercher. En
effet, par la permission de Dieu, il est formé
et déjà vieux, puisqu'il décroît
déjà. Car sa puissance et son autorité
sont diminuées, et le Seigneur Jésus a
tué ce rebelle par le souffle de sa bouche et par
beaucoup d'hommes de bonne volonté, et il fait
intervenir une puissance qui lui est contraire
aussi bien qu'à ses amis, qui disperse (dissipe) ses
lieux et ses possessions, et qui met la division (partage)
dans cette cité de Babylone d'où (en laquelle)
toutes les générations tirent leur vigueur de
malice.
La première œuvre de l'Antechrist c'est de bannir la vérité et de
la changer en mensonge, en erreur et en
hérésie.
La seconde oeuvre de l'Antechrist c'est de
cacher le mensonge sous la vérité et sous les
erreurs, et de le prouver et l'affermir (le confirmer) par
la foi et par des miracles (vertus), d'entremêler la
fausseté avec les choses spirituelles aux yeux du
peuple soumis, soit à l'aide des ministres on des
ministères, ou de toute l'Église.
Et ces deux oeuvres renferment une malice
parfaite et accomplie, telle que (laquelle) ne purent
exécuter (faire) aucun tyran ni aucun potentat
jusqu'au temps de l'Antechrist.
Aussi, avant lui
(5), Christ n'a jamais eu
un tel ennemi qui pût ainsi (de même) pervertir
la voie de la vérité en (celle de la)
fausseté, et le mensonge en vérité, et
(pervertir) semblablement les partisans (cultivateurs) de
l'une et de l'autre de la vérité et du
mensonge.
De manière que la sainte mère
Église avec ses vrais enfants est toute foulée
aux pieds en (ce qui concerne) les vérités,
spécialement en (ce qui concerne) les
ministères des vrais ministres selon la
vérité, en (ce qui concerne) les
ministères et la manière de s'en acquitter et
de la part qu'y prennent ses enfants; elle pleure en se
lamentant, répétant les paroles et les
plaintes de Jérémie, disant : En quelle
manière est assise (se) seule la cité du
peuple païen et incirconcis? Elle est devenue veuve,
c'est-à-dire de la vérité de son
époux. Dame des nations, par leur soumission aux
erreurs et aux péchés; princesse des
provinces, par le partage du monde et des choses qui sont
dans le monde, pleure et regarde (vois) plus en avant, et tu
trouveras maintenant toutes choses accomplies par le temps.
Car la sainte Église, si elle existe (est), doit
être regardée (tenue) pour une synagogue. Et la
synagogue des méchants est prêchée comme
la mère qui a bonne croyance en la loi. La
fausseté est prêchée à la place
de la vérité, l'iniquité à la
place de l'équité, l'injustice est
prêchée et est tenue pour la justice, l'erreur
pour la foi, le péché pour la vertu, le
mensonge pour la vérité.
Celles-ci : La première oeuvre, c'est
qu'il (l'Antechrist) a transporté (converti)
le culte de latrie, dû proprement à Dieu seul,
à lui, à ses oeuvres (faits), à la
pauvre créature raisonnable et non raisonnable,
sensible et non sensible : raisonnable comme les hommes
saints ou saintes, transportés hors de ce monde, et
leurs images, ossements et reliques.
Ses faits sont les sacrements,
spécialement le sacrement de l'eucharistie qu'il sert
comme Dieu et comme Jésus-Christ semblablement; il
sert les choses bénites et consacrées, et
défend d'adorer Dieu seul.
La seconde œuvre de l'Antechrist est qu'il
ôte et enlève à Christ le mérite
de Christ avec toute la suffisance de la grâce, de la
justice, de la régénération,
rémission des péchés, de la
sanctification, de la confirmation et de la nourriture
spirituelle; et il l'impute (ce mérite) et l'attribue
à son autorité, à ses oeuvres, et aux
saints, et à leur intercession et au feu du
purgatoire; et il détourne (sépare) le peuple
de Christ et l'amène vers les choses qu'on vient de
dire (déjà dites), afin qu'il ne recherche pas
(quera) celles de Christ ni par Christ (par sa
médiation), mais (qu'il les cherche) seulement dans
les oeuvres de ses mains, et non par une foi vivante en
Dieu, ni en Jésus-Christ, ni au Saint-Esprit, mais
selon la volonté et les œuvres de
l'Antechrist, ainsi qu'il publie (prêche) que
tout le salut consiste dans ses œuvres.
La troisième oeuvre de
l'Antechrist, c'est qu'il attribue la
régénération que donne le Saint-Esprit
(du Saint-Esprit) à la foi morte et
extérieure, et baptise les enfants en cette foi,
enseignant que c'est par elle que sont consacrés le
baptême et la régénération; c'est
dans la même foi (6)
qu'il confère et donne les ordres et les autres
sacrements, et c'est en elle, (en cette foi qu'il fonde tout
le christianisme; ce qui est contre le Saint-Esprit (contre
la foi au Saint-Esprit).
La quatrième oeuvre de l'Antechrist est celle par laquelle il bâtit et édifie, en
même temps (ensemp), en la messe, toute la religion et
la sainteté du peuple, en ayant fait un tissu unique
(tout ensemble) de différentes
cérémonies judaïques, païennes et
chrétiennes. Et y (à la messe) conduisant,
pour l'entendre, la congrégation et le peuple, il
prive celui-ci de la manducation spirituelle et
sacramentelle, et l'éloigne de la vraie religion et
des commandements de Dieu, l'éloigne (l'ôte)
aussi des œuvres de miséricorde par ses offertoires;
et par cette messe il loge (place) le peuple dans une
espérance vaine.
La cinquième œuvre de l'Antechrist,
c'est qu'il fait toutes ses œuvres, afin qu'il soit vu et
qu'il satisfasse (opère) son insatiable avarice,
comme aussi, afin qu'il puisse mettre toutes choses en vente
et ne fasse rien sans simonie.
La sixième œuvre de l'Antechrist,
c'est qu'il donne lieu à des péchés
manifestes, sans (qu'il intervienne de) sentence
ecclésiastique, et qu'il n'excommunie pas les
impénitents.
La septième œuvre de l'Antechrist,
c'est qu'il ne dirige ni ne défend son unité
par le Saint-Esprit, mais à l'aide de la puissance
séculière, et qu'il l'appelle (prend)
également à son secours pour les choses
spirituelles.
La huitième œuvre de l'Antechrist est qu'il hait, persécute, accuse, pille et met
à mort les membres de Christ.
Ce sont presque là les principales œuvres
qu'il fait (des œuvres de lui). Il les fait contre la
vérité, et personne ne peut les compter toutes
ni les écrire. Mais qu'il suffise pour le
présent d'avoir montré comme au doigt (deita)
ces choses comme (presque) les plus générales
par lesquelles est couverte cette iniquité
(l'Antechrist).
- (Cette iniquité est couverte),
premièrement et principalement, par une profession
extérieure de la foi. À l'égard de
quoi, l'Apôtre dit: Car ils confessent en paroles
qu'ils ont connu Dieu, mais ils le renient par leurs
actions.
- (Elle est couverte), en second lieu, par la
longue durée du temps, (par l'appui) des sages, des
religieux, hommes et filles vierges, des veuves et des
femmes honnêtes et d'un peuple peu nombreux, duquel il
est dit dans l'Apocalypse: Et pouvoir lui fut donné
(à la bête) en toute tribu et langue, et
nations, et tous ceux qui habitent la terre
l'adoreront.
- (Elle est couverte) troisièmement, par
l'autorité spirituelle des apôtres, contre
lesquels l'Apôtre dit: Nous ne pouvons rien contre la
vérité, et pouvoir ne nous est point
donné pour la destruction.
- (Elle est couverte), en quatrième lieu,
par beaucoup de miracles faits ça et là, sur
quoi l'Apôtre parle ainsi: Son avènement est
selon l'oeuvre de Satan, accompagné de toute sorte de
miracle (vertus), de signes et de merveilles
mensongères et de toutes les tromperies de
l'iniquité.
- (Elle est couverte), en cinquième lieu,
par sainteté extérieure, par prières,
par jeûnes, par vigiles et aumônes; contre quoi
l'Apôtre dit: Ayant l'apparence de la
piété, mais renonçant à sa force
(déniant sa force).
- (Elle est couverte), sixièmement, par
quelques paroles de Christ et par les écrits des
anciens et par les conciles, lesquels ils suivent (gardent),
en tant qu'ils ne condamnent (détruisent) par leur
mauvaise vie et leurs voluptés.
- (Elle est couverte) en septième lieu, par
l'administration des sacrements, par lesquels ils vomissent
généralement toutes les erreurs.
- (Elle est couverte), huitièmement, par des
remontrances et des prédications verbales contre les
vices. car ils disent et ne font pas.
- En neuvième lieu, d'entre ces
(prédicateurs) les uns agissent (font) avec
dissimulation (feinte), les autres avec
vérité, et surtout en menant une vie
vertueuse. Car ces élus de Dieu, ayant bonne
volonté et une bonne conduite, retenus là
comme dans Babylone, sont comme de l'or avec lequel le
rebelle Antechrist couvre sa vanité, ne
permettant pas, ni qu'on rende son vrai culte à Dieu
seul, ni qu'on mette son espérance en
Jésus-Christ seul, ni qu'on s'attache (tende)
à la vraie religion.
Ces choses et beaucoup d'autres servent comme de
manteau et de vêtement à l'Antechrist,
au moyen desquelles il couvre sa malice mensongère,
afin de n'être pas réprouvé
entièrement comme païen, et à l'ombre
desquelles il peut marcher mal honnêtement comme une
prostituée.
Que le chrétien soit tenu par commandement de se séparer de l'Antechrist, cela est dit et prouvé par l'Ancien et par le Nouveau Testament:
- car
le Seigneur dit, Esaïe cinquante-deux :
Éloignez-vous, éloignez-vous; sortez d'ici,
gardez-vous de toucher à la souillure ; sortez du
milieu d'elle; vous qui portez les vaisseaux (sacrés)
du Seigneur, soyez purifiés. Car vous ne sortirez pas
au milieu du tumulte, ni ne vous préparerez point
à la fuite, etc.
- Et Jérémie cinquante :
Fuyez du milieu de Babylone, sortez de la terre des
Chaldéens, et soyez comme des boucs à la
tête du troupeau. Et voyez (voici), j'amènerai
une grande assemblée de nations de la terre d'Aquilon
a Babylone, et elles seront disposées
(préparées) contre elle, et ensuite elle sera
prise.
- Nombres, XVI : Séparez-vous du milieu de
l'assemblée, afin que je détruise et perde
ceux-ci à la fois. Et de rechef (ensuite) :
Éloignez-vous du tabernacle (de la tente) de ces
rebelles, et gardez-vous de toucher aux choses qui leur
appartiennent, afin que vous ne soyez pas enveloppés
dans leurs pêchés.
- Lévitique : Je suis votre Seigneur Dieu,
qui vous a séparés des autres peuples. C'est
pourquoi vous séparerez aussi l'animal pur de
l'impur, et l'oiseau pur du non pur, et vous ne souillerez
pas vos âmes à l'égard des bêtes,
à l'égard des oiseaux et à
l'égard de toutes les choses. qui ont mouvement sur
la terre, et que je vous ai montrées comme
souillées.
- Item, Exode, XXXIV: Prends garde que tu
fasses jamais amitié avec les habitants de cette
ville, pour qu'elle t'entraîne dans la ruine.
- Et
ensuite: Ne fais aucun traité avec les hommes de
cette contrée, de peur que lorsqu'ils auront
paillardé avec leurs dieux et qu'ils auront
adoré leurs images, quelqu'un t'invite et que tu ne
manges des choses consacrées à ces dieux. Tu
ne prendras pas non plus des femmes d'entre leurs filles
pour tes fils, de peur qu'après qu'elles auront
paillardé, c'est-à-dire idolâtré,
elles ne fassent paillarder (prostituer) tes fils après leurs
dieux.
- Lévitique, XV, 31 : Vous instruirez donc vos
enfants leur disant, qu'ils évitent les
impuretés, afin qu'ils ne meurent pas dans leurs
souillures dont ils auront souillé mon tabernacle.
- Ezéchiel, XI, 21 : Mais, quant à ceux dont
(7) le cœur marche par
outrage et par offenses, je placerai leur voie (conduite)
sur leur tête, dit le Seigneur.
- Deutéronome, XX : Quand tu seras entré en la terre (le pays) que
le Seigneur ton Dieu te donnera, garde-toi que tu ne
veuilles imiter les abominations de ces peuples (de ces
gens); car le Seigneur a toutes ces choses en abomination.
Et, à cause des péchés de cette nature,
il les effacera (détruira entièrement)
à ton entrée. Tu seras parfait et sans, tache
envers ton Dieu. Ces nations desquelles tu posséderas
ces terres écoutent les augures et les devins ; mais
tu as reçu d'autres ordres de ton Dieu.
- D'après le Nouveau Testament aussi, il est
manifeste, Jean, XII : Que le Seigneur est venu et a
souffert la passion, afin qu'il réunit en un les
enfants de Dieu.
- Car c'est pour ces vérités
d'unité et de séparation les uns d'avec les
autres, qu'il dit, Matth., X : Car je suis tenu
séparer (diviser) l'homme contre son père, la
fille contre sa mère, la belle-fille contre la
belle-mère, et les serviteurs de l'homme sont ses
ennemis. Et il a commandé de se séparer, quand
il a dit : Si quelqu'un n'est pas prêt à
quitter (ne laissera) son père et sa mère,
etc.
- De même - Gardez-vous des faux
prophètes, qui viennent à vous en habits de
brebis, etc.
- De même aussi : Gardez-vous du levain
des pharisiens.
- De même encore : Prenez garde que
quelqu'un ne vous séduise (trompe); car plusieurs
viendront en mon nom et séduiront plusieurs. Ainsi
donc, si quelqu'un vous dit (dira) : Venez, Christ est ici,
ou (il est) là; ne le croyez pas (veuillez ne pas le
croire); gardez-vous d'aller après eux.
- Et, dans
l'Apocalypse, il admoneste de sa propre voix et commande
à son peuple de sortir de Babylone, disant : Et
j'ouïs une voix du ciel, me disant : 0 mon peuple, sors
du milieu d'elle, et ne sois pas participant de ses
péchés, afin que tu ne reçoives pas de
ses plaies. Car ses péchés sont parvenus
jusqu'au ciel, et le Seigneur n'oublie pas (se souvient de)
ses iniquités.
- L'Apôtre dit ceci même :
Gardez-vous (ne veuillez) tirer le même joug avec les
non fidèles. Car quelle participation y a-t-il (est)
de la justice avec l'iniquité, ou quelle association
entre la lumière et les ténèbres; car
quel accord (y a-t-il) entre Christ et le diable, ou quelle
est la part des fidèles avec les infidèles, ou
quel rapport entre le temple de Dieu et les idoles? C'est
pourquoi (pour laquelle cause), sortez du milieu d'eux et
soyez séparés, dit le Seigneur; ne touchez pas
ce qui n'est pas pur, et je vous cacherai, et je vous comme
père, et vous me serez comme enfants fils et filles),
dit le Seigneur tout-puissant.
- Item, Ephés. V : Ne soyez pas faits participants avec eux; car vous étiez
dans la voie (route) des ténèbres, mais
maintenant vous êtes lumière au Seigneur.
- Item, 1 Cor., X : Je ne veux pas que vous deveniez
compagnons du démon. Vous ne pouvez pas être
faits participants de la table du Seigneur et de la table
des démons.
- Item, 2 Thess., III - 0 frères,
nous vous annonçons, au nom de notre Seigneur
Jésus-Christ, que vous vous gardiez de tout
frère qui marche déshonnêtement, et non
selon les coutumes (enseignements) que vous avez
reçues de nous. Car vous-mêmes savez en quelle
manière il convient que vous nous imitiez
(ressembliez).
- Et ensuite : Si quelqu'un n'obéit
pas à notre parole, notez-le par lettre et ne vous
mêlez pas avec lui afin qu'il soit confus (confondu).
- Item, Ephés., V : Gardez-vous de vous associer aux
œuvres infructueuses des ténèbres.
- De même, 2 Tim., III: Mais sache ceci, que des temps
funestes (dangereux) viendront aux derniers ans.
- Et plus
bas: Ayant l'apparence de la piété, mais
renonçant (déniant) à sa force,
évite de telles gens.
Des choses sus-notées sont manifestement
démontrées la malice de l'Antechrist et
sa perversité, etc. Et comme il est ordonné
(commandé) par le Seigneur de se séparer de
lui intérieurement comme extérieurement, et de
s'unir à Jérusalem la sainte cité.
Ainsi donc, connaissant ces choses que le Seigneur nous
révèle par ses serviteurs, et croyant à
cette révélation, selon les saintes
Écritures, et étant en même temps
engagés (admonestés) par les commandements du
Seigneur, nous nous séparons intérieurement et
extérieurement de celui que nous croyons
l'Antechrist, et nous avons formé (uni) des
compagnies et une unité, avec bonne volonté et
une intention droite, ayant pour fondement, pur et simple,
de plaire au Seigneur et d'être sauvés, avec
l'aide du Seigneur, autant que la vérité de
Christ et de son Épouse, comme aussi notre faible
intelligence, peuvent le permettre (soutenir).
Nous faisons (ordonnons) donc remarquer (noter)
quelles sont les causes de notre séparation, comme
aussi de notre congrégation, afin que si le Seigneur
(nous) a donné d'avoir cette même
vérité, elle porte elle-même l'amour, en
même temps qu'en nous, et afin que si elle
n'était peut-être pas bien
éclairée, elle reçoive aide par ce
ministère béni (arrosé) du Seigneur. Et
s'il arrive qu'il ait été plus accordé
à quelqu'un, et plus abondamment, nous
désirons humblement d'en être instruits, de
savoir mieux de lui et d'être corrigés en ce
qui nous manque (en nos défauts).
Les raisons qui suivent sont donc la cause de
notre séparation.
Qu'il soit connu (manifeste) à tous et
à chacun, que la cause de notre séparation a
été telle; savoir, la vérité
essentielle et ministérielle de la foi, et la
connaissance intime d'un vrai Dieu en trois personnes, dans
une unité d'essence, (connaissance) que ne donne ni
la chair ni le sang; le culte convenable dû à
Dieu seul, l'amour qui lui appartient au-dessus de toutes
choses, la glorification (sanctification) et l'honneur qui
lui est dû aussi au-dessus de toutes choses et de tout
ce qui se nomme; l'espérance vive qui est par Christ
en Dieu; la régénération et le
renouvellement intérieur par la foi, par
l'espérance et par la charité; le
mérite de Christ en toute suffisance de grâce
et de justice ; la participation ou la communion de tous les
élus; la rémission des péchés,
la sainteté de la vie (sainte conversation), et le
fidèle accomplissement de tous les commandements par
la foi en Jésus-Christ; la véritable
repentance (pénitence), la persévérance
jusqu'à la fin et la vie éternelle.
Les vérités qui regardent le
ministère sont celles-ci : Que les ministres doivent
avoir des assemblées (congrégations)
extérieures avec le peuple qui leur est soumis, en
lieu et temps convenable, le tenant dans la
vérité par les soins du ministère;
savoir dans la vérité mentionnée plus
haut, l'y amenant, l'y affermissant et l'y entretenant dans
(par) de fidèles et fréquentes
assemblées; les bons ministres étant, quant
à la foi et à, la conduite, en exemple
d'obéissance, et produisant avec Vigilance sur le
troupeau la pratique et l'usage (l'exemple) du
Seigneur.
Les choses auxquelles sont tenus les ministres
pour servir le peuple sont celles-ci : Lui présenter
la parole évangélique et la parole de la
réconciliation, ou la loi de grâce, selon le
dessein et l'intention de Christ. Car, il (le ministre) doit
annoncer la parole évangélique, et le
sacrement étant joint à la parole, confirme
son sentiment et son intelligence, et affermit
l'espérance en Christ chez le fidèle (ou, et
chez le fidèle). La communion administrée par
le ministre renferme (a) tout par (le moyen de) la
vérité essentielle. Et s'il y a quelques
autres choses qui concernent le ministère, elles
peuvent toutes être comprises dans ce qui a
été dit.
Or, de ces vérités
particulières, les unes sont essentiellement
nécessaires au salut des humains, les autres le sont
conditionnellement. Elles sont contenues en douze articles,
selon l'ajustement ou l'adjonction de plusieurs paroles des
apôtres (8). Mais
(cependant) a déjà été
régnant par le passé, en l'Église, par
un effet de la permission divine, etc.
- Les erreurs et les infidélités
(impuretés) prédites par le Seigneur, touchant
l'Antechrist, sont les suivantes : savoir, un service
idolâtre varie et innombrable, accordé contre
le commandement de Dieu et de Christ, non ait
Créateur, mais à la créature visible et
non visible, corporelle ou spirituelle, intelligente et
sensible, produite naturellement, ou par un art quelconque,
ou sous quelque nom que ce soit, comme de Christ et des
saints ou des saintes, et, des reliques, et des personnes en
autorité, auxquelles créatures est rendu un
service accompagné de foi, d'espérance,
d'actions, d'oraisons, de pèlerinages,
d'aumônes, d'offrandes, de sacrifices fort
dispendieux. Ils (les membres de l'Antechrist)
servent une telle (sorte de) créatures, ils
l'adorent, l'honorent de plusieurs manières, par des
chants, par des panégyriques, par des
solennités, par des célébrations de
messes, par des vêpres, par des complies à ces
mêmes créatures, par des heures, par des
vigiles, par des fêtes, par acquisition de
grâce, acquisition qui est essentiellement en Dieu
seul, et méritoirement en Jésus-Christ, et qui
s'obtient par la seule foi par le secours du
Saint-Esprit.
Car il n'y a pas d'autre cause (ou source) de
l'idolâtrie qu'une opinion fausse touchant la
grâce, touchant la vérité, touchant
l'autorité, l'invocation, l'intercession, lesquelles
le même Antechrist ôte à Dieu
(éloigne de) pour les attribuer aux ministères
et aux oeuvres de ses mains, aux saints et au purgatoire. Et
cette iniquité de l'Antechrist est directement
contraire au premier commandement de la loi.
Semblablement, l'amour désordonné
de l'Antechrist pour le monde est (la source)
d'où procèdent (germent) dans l'Église
tous les maux et les péchés des conducteurs,
des directeurs, des supérieurs (officiers);
péchés qui restent sans répression
(correction), et qui sont contraires aux
vérités de la foi et à la connaissance
de Dieu le Père, selon le témoignage de Jean,
qui dit : Celui qui pêche ne connaît point Dieu
ni ne l'a vu. Car si quelqu'un aime le monde, la
charité du Père n'est point en lui.
- La seconde iniquité de
l'Antechrist, consiste (est) en ce qu'il place
l'espérance de pardon, de grâce, de justice, de
vérité et de vie éternelle, non en
Christ, ni en Dieu par Christ, mais dans les hommes vivants
et morts, dans l'autorité, dans des
cérémonies (ministères)
ecclésiastiques, dans des bénédictions,
dans des sacrifices, dans des prières et, dans
d'autres choses semblables indiquées plus haut, et
non dans une foi véritable qui produit (opère)
la repentance, avec la charité, l'éloignement
du mal et l'avancement dans le bien.
Ce n'est pas dans une telle foi
(9), que
l'Antechrist enseigne a espérer fermement, et
principalement la régénération,
l'affermissement, la réfection spirituelle ou
communion, la rémission des péchés, la
sanctification en vie éternelle : mais par les
sacrements et par sa perverse simonie, moyen par lequel le
peuple est trompé (moqué), et ayant toutes
choses vendables, il a imaginé des ordonnances
anciennes et nouvelles pour obtenir de l'argent, permettant
que si quelqu'un a dit ou fait ceci ou autre chose, il veut
qu'il puisse acquérir et grâce et vie. Et cette
double iniquité est, proprement appelée, dans
les saintes Écritures, un adultère
(paillardise) et une fornication. C'est pourquoi, de tels
ministres, qui conduisent (conduisant) le peuple grossier
dans de telles erreurs, sont appelés paillarde (prostituée)
apocalyptique. Cette iniquité est contraire an second
article, et de rechef, contraire au second et au
troisième commandement de la loi.
- La troisième iniquité de
l'Antechrist, c'est, qu'outre ce qui a
été dit> il a inventé
(trouvé) de fausses religions, des règles, des
monastères en forme d'église, comme moyens
d'acquérir l'espérance. De même, ils
(les siens) affirment, contre toute vérité,
que c'est un devoir pour chacun d'entendre souvent et
dévotement les messes, de recevoir les sacrements,
de se confesser (mais rarement avec contrition), de faire
des satisfactions par des jeûnes ou en vidant sa
bourse, «être resté ou d'être membre
de l'Église romaine, de s'adonner ou livrer à
la règle ou au capuchon. Et cette iniquité de
l'Antechrist est directement contraire au
huitième article du symbole : Je crois au
Saint-Esprit.
- La quatrième iniquité de
l'Antechrist, c'est, qu'étant bien
lui-même la quatrième bête décrite
jadis (devant) par Daniel, et la paillarde (prostituée) apocalyptique, il
s'attribue (s'orne) des noms, l'autorité, le pouvoir,
les dignités, les ministères, les offices, les
écritures, au point de s'égaler et de se
comparer à la vraie et sainte mère
Église, en laquelle se trouve
ministériellement, et non autrement, le salut et la
vérité, quant à la vie, à la
doctrine et aux sacrements. Car, si ce n'était
qu'elle (l'Église romaine) se couvre ainsi
elle-même et ses ministres «erreur et
pécheurs manifestes, elle serait abandonnée de
tous si elle était connue.
Mais parce que les empereurs et les rois, et les
princes, estimant qu'elle était semblable à la
vraie sainte mère Église, ils
l'aimèrent elle-même et la dotèrent
contre le commandement de Dieu. Cette iniquité des
ministres, des sujets, de ceux ordonnés dans l'erreur
et dans le péché, est directement contre le
neuvième article : Je crois la sainte Église.
Ces (choses) appartiennent à la première
partie de l'article.
En second lieu, en effet, eux (ces ministres,
etc.), en participant aux seules formes extérieures,
selon les usages humainement, ordonnés et
inventés, croient on espèrent avoir leur part
à la réalité (vérité) des
offices de pasteurs et de la cure d'âmes, comme si
ceux qui seraient tondus comme des agneaux, qui seraient
oints à la manière d'une paroi, et qui
recevraient la bénédiction en touchant le
livre et le calice, pouvaient prétendre (confesser)
être convenablement (droitement) ordonnés
prêtres.
Il en est semblablement (comme il a
déjà été dit) du peuple
assujetti, si, parce qu'il a sa part (Communique) aux
paroles, aux signes, aux exercices extérieurs (de
dehors) et à leurs diverses cérémonies
(faits) souvent répétées, il se
persuadait (pensait) avoir part à la
vérité qui en est couverte (tirée). Et
cela est contraire à l'autre partie du
huitième article : Je crois la communion des
saints.
Une chose est à faire, c'est qu'il faut
s'éloigner (10)
(sortir) de la très-mauvaise communion des moines
qui, pour amener à sa participation les hommes
charnels, leur font espérer, au moyen de choses de
néant et par avarice, qu'ils leur feront avoir part
à leur pauvreté et à leur
chasteté, quels qu'ils soient d'ailleurs, ou
luxurieux ou avares, pourvu qu'ils leur fassent à
eux-mêmes des dons.
- La cinquième iniquité de
l'Antechrist consiste (est) en ce qu'il promet, en
trompant, le pardon et la rémission des
péchés à des pécheurs non
véritablement contrits et qui n'ont pas
renoncé fermement aux mauvaises œuvres. Et il fait
d'abord cette promesse de la rémission des
péchés au moyen de la confession auriculaire
et de l'absolution donnée par des hommes, au moyen
des pèlerinages dictés par l'avarice.
Cette iniquité est contraire au
onzième article du Credo : Je crois la
rémission des péchés. Car cette
rémission dépend de l'autorité de Dieu
et du ministère de Jésus-Christ, puis en
partie (11) de la foi,
de l'espérance, de la repentance, de la
charité et de l'obéissance qui, selon la
Parole de Dieu, est en l'homme.
- Il y a encore une sixième iniquité
(des membres de l'Antechrist), c'est qu'ils
prolongent l'espérance (de pardon) jusqu'à la
fin de la vie, au moyen des iniquités cachées
(couvertes) déjà mentionnées pour les
pécheurs manifestes, et spécialement au moyen
de l'extrême-onction et du purgatoire
rêvé, en sorte que les hommes grossiers, qui ne
connaissent pas la vérité,
persévèrent dans l'erreur et sont
(déclarés) absous de péchés dont
ils ne se sont jamais éloignés de libre
volonté pour qu'ils pussent en espérer la
rémission à venir et la vie
éternelle.
Cette iniquité est directement contraire
aux onzième et douzième articles de la foi.
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- (1) Qu'il soit manifeste à chacun.
- .
- (2) Il se connaissait, et se détruisait,
etc.
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- (3) Car il manquait de sagesse rationnelle, etc.
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- (4) C'est-à-dire, à recevoir le
mensonge au lieu de la vérité.
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- (5) Devant aquels.
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- (6) En ley meseima.
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- (7) D'aquilli, plus bas.
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- (8) Les Vaudois ont adopté le symbole comme
paroles des apôtres, comme on le voit dans un
manuscrit qui est a Genève.
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- (9) En aizo, en cela.
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- (10) Une chose est, de sortir, etc.
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- (11) Participativement, en partie.
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