La nature a été conçue d’une façon telle, qu’un équilibre délicat maintient la planète dans un parfait état de conservation. La nature se maintient dans un état pureté... quand l’homme n’y apporte pas ses rejets massifs.
Il y a un peu plus d’un siècle, bien avant qu'on parle d'écologie, notre planète était encore quasiment immaculée. Petit à petit, l’homme se libéra de la servitude de l'énergie animale depuis qu’un certain Denis Papin vit trembloter le couvercle d’une marmite en ébullition. Depuis, l’homme remplaça l’énergie animale par la machine. Puis tout à coup, au siècle dernier, on assista au phénomène irréversible de la révolution industrielle. Des usines surgirent de partout, elles poussèrent comme des champignons. Elles étaient laides, une véritable offense à l’œil. Le charbon, extrait des profondeurs, n'arrangeait pas la chose.
Puis vint le pétrole.
Au rythme d’une production souvent effrénée, les rejets de gaz et de CO2 s’accumulent. Les fumées des usines ne sont pas inoffensives.
La pollution de l’atmosphère et l'effet de serre mettent en danger l’équilibre climatique de la planète. Outre les avions qui déversent des milliers de tonnes de gaz brûlés, auxquels s’additionnent le C02 produit par les activités humaines modernes, savez-vous que sous le ciel de Pittsburgh, le plus grand centre industriel du monde, les étoiles de la Voie Lactée ne sont plus visibles depuis 50 ans ? A 70 kms. de Pittsburgh, les arbres géants de la forêt dépérissent, incapables de résister à des maladies auxquelles ils résistaient très bien autrefois.
Quand je parlais de ces choses il y a 20 ans, les gens écoutaient d’une oreille distraite. "Des arbres qui meurent ! Cela n’arrive qu’en Amérique !" Mais aujourd’hui les médias de chez nous en parlent : Nos forêts sont atteintes ! Or, un grand arbre à lui tout seul donne autant d’oxygène qu’1 km² d’océan. Cela nous montre l’importance des forêts. Savez qu’un seul grand quotidien, un seul parmi les centaines d’autres, d’Amérique ou de chez nous, qui sort toute les semaines un journal avec 100-120 pages, emploie pour la fabrication de son papier chaque année 40.000 hectares de forêts. Ce sont là des chiffres étourdissants qui nous font se demander si on les a bien lus !
On sait aussi que les grandes forêts de l’Amazonie, le Matto Grosso, sont les poumons de notre monde. Les Brésiliens sont déjà bien avancés dans l’exploitation souvent anarchique de leurs richesses forestières. Les écologistes occidentaux protestent, mais il leur est répondu : "Vous exploitez bien vos richesses, vous. Pourquoi n’exploiterions-nous pas les nôtres ?". Or, une étude récente a prouvé que si la civilisation de l’Antiquité était viable à l’échelle planétaire, que celle du Moyen Age l’était aussi, ainsi que celle de la Révolution française de 1789, notre civilisation moderne, elle, n’est pas viable à l’échelle planétaire.
Le professeur René Dumont, qui fut candidat aux élections présidentielles, nous donne un exemple entre cent. Il dit que si tous les habitants de la planète utilisaient le cuivre comme le font les Etats-Unis, dans un mois il n’y aurait plus un gramme de cuivre disponible. C’est bien la preuve que notre façon de vivre n’est pas viable.
Il n’y a pas si longtemps, notre terre nous semblait tellement grande ! Elle a été ramenée à des proportions beaucoup plus congrues depuis qu’un satellite en fait le tour en 1h et demie. Notre terre a été comparée, et j’apprécie la justesse de cette comparaison, à un vaisseau spatial qui a embarqué 6 milliards de passagers : A bord, tout est prévu, mais tout est limité. Dans des limites raisonnables, tout se régénère et le cycle recommence ; mais quand le point de saturation est atteint et dépassé, le cycle naturel se brise et le déséquilibre mortel s’installe. Beaucoup de nos savants disent que nous avons atteint, et pour certains dépassé, le point de non-retour.
Quel est la solution à cette situation ? Voyons ce qu’en disait le professeur René Dumont. Pour lui, il ne se contentait pas de dire des choses, il les appliquait. Il ne mangeait de la viande que deux fois par semaine et ne se servait de sa voiture automobile qu’un minimum absolu. La solution du professeur Dumont pour le salut de notre monde est la décroissance.
Mais, vous l’avez compris comme moi, il prêchait dans le désert. Nos économistes, nos syndicalistes, font de l’apoplexie à l’idée de la décroissance. Ils ne connaissent pas d’autre langage que la croissance. D’ailleurs aujourd’hui, personne ne veut rétrograder. "Rétrograder ? Ce serait être rétrograde !"
Mais croyez-vous que ce soit être rétrograde que de rétrograder ? Supposons qu’un ami me dise : "je viens d’acheter une voiture, c’est une voiture révolutionnaire ; elle vient de sortir et est unique en son genre. L’aiguille du compteur, sa vitesse, est comme la croissance économique : elle ne rétrograde pas. Viens, on va l’essayer ensemble !" Non merci, aller dans une voiture dont la vitesse ne rétrograde pas, je préfère aller à pied !
Or nous en sommes là dans notre monde : on ne peut plus rétrograder, c’est devenu impossible. Il nous faut aller de l’avant et viser "toujours plus de croissance économique".
Les hommes avertis tentent maintenant d’arrêter un bienfait qui tourne à la catastrophe. Les hommes se sont créés un monstre à la Frankenstein, qui échappe à leur contrôle et qui se retourne contre eux. Devant la nécessité devenue pressante, les Anglo-Saxons parlent d’une civilisation "post-industrielle". Des mutations profondes sont en cours. Nul ne peut prévoir ce que cela va donner.
Les choses sont en train de basculer rapidement. Il y a 50 ans encore, les évangélistes avec leur Bible, parlaient de la fin du monde. Maintenant ce ne sont plus les évangélistes qui parlent de la fin du monde, ce sont les savants. Pour certains d’entre eux, la machine s’est emballée. Elle ne répond plus aux commandes et au prochain virage, ce sera le feu d’artifices !