Cette acclamation de la foule en fête nous rappelle quelle était la vraie mission de Jésus, celle pour laquelle Il était venu habiter parmi les hommes. Matthieu, Marc et Jean, rapportent cet événement de la vie du Christ qui précéda la Pâque. C'est cet événement que la tradition chrétienne appelle encore aujourd'hui : "Jour des Rameaux".
A l'origine, chez les hébreux, le mot "hosanna" avait le sens d'une supplique : " sauve maintenant " ; ou encore : " sauve, nous t'en prions " ! C'est bien le sens qu'il faudrait lui donner pour cette circonstance particulière. Car Jésus est bien venu " pour chercher et sauver ce qui était perdu " (2). Toutefois, le contexte des Evangiles montre que le mot avait quelque peu évolué. Il était alors utilisé beaucoup plus comme une exclamation de joie, ce que nous faisons encore aujourd'hui dans bien des communautés chrétiennes, lorsque nous chantons certains refrains qui emploient ce mot " Hosanna ". En effet, Jésus est bien le Roi qui mérite d'être acclamé par son peuple, dans l'attente du Royaume éternel de gloire dont Il sera le chef suprême (3).
En voyant Jésus revenir à Jérusalem, la foule exprimait ainsi sa joie débordante. C'était sa façon de lui dire, de manière spectaculaire, qu'Il était le bienvenu et qu'on espérait qu'il allait prendre le pouvoir, chasser l'envahisseur Romain et régner, comme David, sur tout Israël. La foule certes se trompait ; mais elle était certainement sincère en le faisant.
Le récit biblique a son importance car il confirme l'un des multiples liens existant entre le Nouveau et l'Ancien Testament. Matthieu le souligne particulièrement en disant : " Ceci arriva afin que s'accomplit ce qui avait été annoncé par le prophète..." (4). On retrouve, dans ces quelques versets relatant cette journée mémorable (1), pas moins de 11 références, directes ou indirectes, à des textes prophétiques de l'Ancien Testament (5). Ainsi en est-il tout au long des textes qui nous rapportent la vie terrestre de Jésus-Christ. Nous y découvrons l'accomplissement de nombreuses paroles prophétiques le concernant, puisque tout avait bien été annoncé d'avance par Dieu, au moyen de ses prophètes.
La venue du Fils de Dieu dans le monde n'a pas été accidentelle. Elle avait été prévue et voulue par Dieu. L'apôtre Paul le précise en écrivant : "Lorsque les temps ont été accomplis, Dieu a envoyé son Fils ..." (6). "Christ, au temps marqué, est mort pour des impies..." (7).
En matière de prophétie, certains détails peuvent avoir leur importance. Ils nous aident à mieux étayer notre foi. La logique humaine aurait-elle pu imaginer un Roi monté sur un ânon pour entrer triomphalement dans la capitale de son Royaume ? Pourtant, Dieu avait annoncé cet événement insolite par la bouche du prophète Zacharie, près de cinq siècles avant qu'il ne se réalise ... à la lettre.
Tout au long des Evangiles une même constatation s'impose : Jésus parle, agit "...afin que s'accomplit ce qui avait été annoncé par le prophète..." Quelles raisons aurions-nous de douter de la Parole de Dieu ? Beaucoup d'évidences semblables à celle de cette histoire d'ânon nous confirment que tout s'est accompli selon les desseins mêmes de Dieu. Tout nous pousse donc à Lui faire confiance, à croire toujours plus en Lui. Avec l'apôtre, ayons cette foi solide qui peut affirmer sans réserve : " Dieu a accompli de la sorte ce qu'Il avait annoncé d'avance par la bouche de tous ses prophètes..." (8).
La description que fait Matthieu de ce jour des Rameaux est intéressante pour d'autres raisons. En effet, l'évangéliste précise : " Les disciples allèrent et firent ce que Jésus leur avait ordonné " (9). Saluons ici leur obéissance. Grâce à elle, la foule pouvait suivre en direct l'accomplissement d'une promesse faite par Dieu bien longtemps à l'avance. N'était ce pas aussi pour cette raison qu'elle criait : " Hosanna, au Fils de David ! Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur ! " Pourtant, nous le savons, quelques jours après cette même foule vociférait : " crucifie-le ! " Comment expliquer un changement d'opinion et de comportement aussi rapide ?
Les disciples avaient obéi à l'ordre de leur Maître, participant ainsi eux-mêmes à l'accomplissement de la prophétie. Ils n'avaient pourtant pas encore compris qui était vraiment Jésus. Pas plus que la foule qui ne voyait en Lui qu'un libérateur politico-socio-religieux, capable de soulever le peuple pour chasser de Palestine l'envahisseur romain. Et les disciple nourrissaient aussi cette espérance ; espérance qui n'était qu'une illusion humaine ! Or, la foule n'était pas interressée par un Messie promis venu simplement sauver les hommes de leurs péchés... En fait, les choses n'ont guère changé, encore aujourd'hui.
Cette ferveur religieuse, le jour des Rameaux, ne fut que de courte durée. Elle céda vite le pas aux pulsions incontrôlées de la nature humaine qui poussent les êtres humains à faire tout le contraire de ce qu'ils espèrent ; au point de crier " crucifie-le ", après avoir chanté des " hosannas " à en perdre haleine.
Quelle contradiction ! N'était-ce pas aussi pour cette même raison qu'à Gethsémané les disciples eux-mêmes abandonnèrent leur Maître ? Mais l'événement, là encore, avait été annoncé par les prophètes (10) .
Mais comment pouvons-nous, nous-mêmes, échapper à une telle contradiction ; sinon en acceptant sans condition la divine et souveraine inspiration de l'ensemble des textes bibliques ? En affirmant : Il est écrit ; je le crois ! La vraie foi en Dieu, c'est la confiance. Si nous adhérons sans restriction à la révélation biblique, elle nous donnera l'assurance et la force pour surmonter nos doute et résister au diable. Avec la foi, la soumission à la Parole de Dieu nous conduit toujours plus loin sur le chemin de la vérité, de la bénédiction et de la vie éternelle. Car Pâques fait suite aux Rameaux ! Avec Jésus ressuscité, tout a pu changer pour les disciples ; et tout peut changer pour nous aussi.
Une dernière remarque : c'est ce même jour des Rameaux que Jésus entra dans le Temple de Jérusalem pour en chasser tous les vendeurs, changeurs et acheteurs qui faisaient leur commerce sous couvert de la religion. En accomplissant là encore la prophétie, Jésus dit : " Il est écrit : Ma maison sera appelée une maison de prière. Mais vous, vous en faites une caverne de voleurs " (11). En tant que chrétiens nous sommes le Temple du Saint-Esprit (12). En ce jour des Rameaux Jésus rappelle à ses disciples et à la foule qui l'entoure que le Temple de Dieu a été construit pour être saint. C'est ce que, nous aussi, nous sommes appelés à être : un temple saint pour le Seigneur ; une maison de prière et non une caverne de voleurs. S'il n'en est pas ainsi, le Saint-Esprit ne peut nous remplir de sa présence bienfaisante. Il ne peut pas non plus accomplir son ministère d'intercession en nous (13).
Le temple de notre corps est-il propre, ou abrite-t-il quelque commerce impur ? Faudrait-il que Jésus y entre avec un fouet, comme dans le Temple de Jérusalem, pour faire le grand nettoyage ? Cela ne sera pas nécessaire si nous nous approchons sans tarder du Seigneur, avec humilité, dans la repentance, afin d'être purifié et de prendre les décisions nécessaires qui permettront un véritable changement dans nos coeurs et dans nos vies. L'enseignement semble clair : il n'y a pas de vie chrétienne victorieuse sans purification et sanctification.
Amis auditeurs, veillons ! Les marchands du Temple, même s'ils ont été chassés au début de notre vie chrétienne, sont parfois bien prompts à se réinstaller. Revenons donc constamment au pied de la croix du Christ, là où nous sommes assurés du pardon et de la victoire. " Ayant donc de telles promesses, bienaimés, purifions-nous de toute souillure de la chair et de l'esprit, en achevant notre sanctification dans la crainte de Dieu " (14).
Références Bibliques :
- 1) lire Mat. 21 : 1 à 17 - 2) Luc 19 : 10 - 3) cf. Ap. 11 : 15 - 4) Mat. 21 : 4
- 5) 11 références : v.5 = Zach. 9:9 ; v.8 = Ps. 42:5 ; v.9 = Ps. 118:25-26 et Ps. 148:1 v.12 = Mal. 3:1 et Ps. 69:10 ; v.13 = Es. 56:7 et Jér. 7:11 ; v.14 = Es. 35:5-6 ; v.15 = Es. 12:4-6 ; v.16 = Ps. 8:3).
- 6) Gal. 4 :4 - 7) Rom. 5 : 6 - 8) Act. 3 : 18 - 9) Mat. 21 : 6
- 10) lire Mat. 26 : 31, 54 à 56 - 11) Mat. 21 : 13
- 12) 1 Cor. 3 : 16 et 17 ; 6 : 19 et 20 - 13) Rom. 8 : 26 et 27 - 14) 2 Cor. 7 : 1.