Le concile de Nicée (canon 6) établit trois grands patriarcats: Rome, Alexandrie et Antioche. Cet honneur venait du fait que ces Églises avaient été fondées par des apôtres : Rome et Antioche par saint Pierre, Alexandrie par saint Marc. Rome jouissait d’un statut particulier non seulement parce que c’était là qu’avaient été martyrisés saint Pierre et saint Paul, mais surtout parce qu’elle était le siège de l’Empire romain et, jusqu’à son transfert à Constantinople, la résidence de l’empereur.
Lors du deuxième concile œcuménique qui se réunit à Constantinople en 381, on décida d’élever l’évêque de Constantinople, jusque-là simple suffragant de l’évêque d’Héraclée, au rang de patriarche et de lui donner la deuxième place puisque Constantinople était la « Nouvelle Rome » (3e canon).
La place du patriarcat de Constantinople fut confirmée lors du concile de Chalcédoine en 451 (28e canon) alors que le patriarcat de Jérusalem faisait son apparition.
Voici le texte du 28ème canon du concile de Chalcédoine (451):
Les Pères, en effet, ont accordé justement au siège de l'ancienne Rome ses privilèges, parce que cette ville est la ville impériale. Pour le même motif, les cent-cinquante très pieux évêques ont accordé des privilèges égaux au très saint siège de (Constantinople) la nouvelle Rome, jugeant avec raison que la ville qui est honorée de la présence de l'empereur et du sénat, et qui jouit, des mêmes privilèges que l'ancienne ville impériale, Rome, est grande aussi comme elle dans les affaires ecclésiastiques, étant la seconde après elle.
Si l’évêque de Rome jouissait d’un respect particulier, celui-ci découlait de l’importance de la ville et non du titulaire du poste et cette primauté ne fut jamais définie, ni légalement instituée par les anciens conciles: Il n'y a jamais eu de « suprématie de pouvoir ». La véritable institution de la papauté telle que nous la connaissons aujourd'hui a eu lieu au XIè siècle1.
Grégoire le Grand (pape de Rome) a écrit ces paroles:
ni moi ni personne ne doit être appelé «évêque universel». C'est un titre plein d'extravagance et d'orgueil. Quiconque le prend est un précurseur de l'antichrist...http://foi-orthodoxe.fr/la-papaute-moderne-condamnee-par-le-pape-saint-gregoire-le-grandEn ambitionnant de vous mettre au dessus des autres évèques par ce mot superbe, ne dites-vous pas "je monterai au ciel, j'établirai mon trône au dessus des astres?" [il se réfère aux paroles de Satan/Lucifer dans Isaïe 14]
Références données dans "L'histoire et l'infaillibilité des Papes, page 64"
Jean le jeûneur, Pape de Constantinople, s'était arrogé ce titre ce qui explique cette réaction de Grégoire, Pape de Rome.
L'autorité particulière de Constantinople peut s'expliquer par le fait que les conciles reconnus comme oecuméniques pendant le premier millénaire se sont tous tenus sur le territoire oriental de l'Empire, à Constantinople même ou dans son voisinage immédiat : Nicée, Ephèse, Chalcédoine. Cela signifie qu'une part importante de l'épiscopat oriental siégeait à ces conciles et que ses décisions ont été acceptées par l'Eglise universelle ou bien approuvées par les évèques de Rome, sinon en totalité, au moins pour l'essentiel. Il n'est pas étonnant qu'au vu de ces circonstances politiques et religieuses, les évêques du concile de Chalcédoine aient opté pour l'égalité entre Rome et Constantinople.
Ainsi était constituée la « pentarchie » (les cinq patriarcats): Rome, Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem.
La chute de l'Empire romain d'Occident sous les coups des Barbares en 476 ne fit que conforter Constantinople dans son rôle de nouvelle capitale du monde chrétien. L'islam ayant radicalement réduit le rôle des autres patriarcats d'orient (Alexandrie, Antioche et Jérusalem), Constantinople se retrouvait seule en lice contre Rome.