Dictatus Papae de Grégoire VII
Le Dictatus Papae (mars 1075) traite de la réforme grégorienne (qui doit son nom au pape Grégoire VII) et qui s'est poursuivie avec ses successeurs. L'introduction de ces principes constitue un changement majeur avec l'ancienne gouvernance de l'Eglise.
- Seul le pontife romain est dit à juste titre universel.
- Seul, il peut déposer ou absoudre les évêques.
- Son légat, dans un concile, est au-dessus de tous les évêques.
- Seul, il peut, selon l'opportunité, établir de nouvelles lois
- Seul, il peut user des insignes impériaux.
- Que tous les princes baisent uniquement les pieds du pape.
- Il est le seul dont le nom soit prononcé dans les églises.
- Son nom est unique dans le monde.
- Il lui est permis de déposer les empereurs.
- Aucun texte canonique n'existe en dehors de son autorité.
- Il ne doit être jugé par personne.
- Celui qui n'est pas avec l'Église romaine n'est pas considéré comme catholique.
- Le pape peut délier les sujets du serment de fidélité fait aux injustes.
Les fausses décrétales d'Isidore
Les fausses décrétales d'Isidore, forgées de toutes pièces au IXè siècle1 pour renforcer le pouvoir du pape de Rome et donner l'immunité juridique aux évèques, attribuées aux premiers "papes" (le titre n'existait pas alors!) et popularisées par la "réforme" grégorienne, vont constituer l'une des plus importantes sources de droit canonique médiéval et seront reconnues jusqu'au XVIIè siècle! Elles seront reprises dans le décret de Gratien (1140), base du droit canonique jusqu'en 1917.
1. fausses décrétales d'Isidore sans doute rédigées par Paschase Radbert (qui est aussi derrière la transsubstantation)
Pour mémoire:
St Jérôme nous apprend dans ses commentaires sur l'épitre à Tite et dans sa lettre à Evagrius qu'au commencement du christianisme les églises étaient conduites par le collège des prêtres (alors nommés presbytres ou anciens), et que "cette forme de gouvernement dura jusqu'à ce que par l'instinct du Diable il se fit des partis dans la religion". Alors on se mit à choisir un prêtre de cette compagnie par élection pour être évèque et avoir la préséance sur les autres. Auparavant c'était le temps de la promotion (de l'ordination comme prêtre) qui était pris en compte, comme en témoigne le diacre Hilaire dans ses commentaires sur le chapitre 4 de l'épître aux Ephésiens, qui sont parmi les oeuvres de St Ambroise; car il dit qu'au commencement on appelait évèques tous les prêtres et que quand l'un d'eux mourrait un autre lui succédait. On deférait à celui des prêtres le plus ancien en promotion le premier rang, cette primauté étant une primauté d'ordre et non de puissance ni d'autorité sur les autres, un peu comme le doyen des conseillers dans un parlement. Même après l'établissement de la hiérarchie dans l'Eglise, l'égalité s'observa toujours entre les Pasteurs, le seul pouvoir du métropolitain (=pape=évèque d'une grande ville comme Rome, Constantinople, Antioche, Alexandrie,..) consistait simplement dans le droit de convoquer les synodes de sa province et d'y présider. Le métropolitain n'était pas nommé en premier mais selon la date de sa promotion. Saint Fulgence, évêque de Rupe en Afrique, bien que le plus considérable par son mérite, était assis le dernier dans l'assemblée des évêques car il avait été promû le dernier à l'épiscopat.